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« Je me suis remis à la clarinette. C'est ce qui rapproche le plus de l'anglais. »
« Lorsque je n'ai rien à dire, je veux qu'on le sache ! »
Raymond DEVOS

« On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui »
(variante : On peut rire de n'importe quoi, mais pas de n'importe qui)
Pierre DESPROGES

« La médiocrité réussit parce qu'elle rassure »
Auguste DETŒUF

« Après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple »
DANTON

« En ce qui concerne la langue française,
la télévision est à présent quelque chose comme le musée des horreurs.
 »
Jean DUTOURD
A la recherche du français perdu, Plon, 1999.

« Le patriotisme, c'est aimer son pays.
Le nationalisme, c'est détester celui des autres.
 »
Charles de GAULLE





Première partie




D : quatrième lettre de l'alphabet latin, dérivant du daleth phénicien et qui représentait une porte  . Le daleth a donné le delta grec ( Δ δ ), qui a donné, par retournement du daleth initial, le D latin.

D Day (anglicisme, prononcer di: deɪ et non Dédé) : s'emploie de plus en plus à la place de l'expression « Jour J » (qui est elle-même un calque de l'anglais). Les journalistes parlant des fêtes commémoratives du Débarquement disent maintenant : Le D Day du Débarquement ou le D-Day : Commémorations du 70e anniversaire du D-Day: la galère des riverains (Le Figaro point fr, 04.06.2014). 70e anniversaire du D-Day = 70e anniversaire du Débarquement. Et pourquoi pas le DDD ? Entendu à la french TV : C'est le diday pour Mitt Romney (A2, 30.08.2012). La journaliste ignorait l'expression « Jour J », apparemment, ou est-ce une manie de journaliste de truffer leurs phrases de mots anglois ? Voir Vétéran.

Étymologie : day, d'une racine indo-européenne ayant donné Tag (allemand), dies (latin), jour et diurne (français), день (den') en russe. Cette racine a donné des mots comme deus (dieu) et dies (jour) en latin, dieu en français. Jour (lumière solaire) et dieu viennent d'une même racine *div qui veut dire briller. En chinois et en japonais, le caractère 日 signifie soleil ou jour.

Daech (arabisme) : ce mot désigne une secte d'assassins, agissant au nom d'un dieu cruel et peu regardant quant à la vie humaine. Cette secte s'est emparé d'une partie du Moyen Orient à la suite de la déplorable politique étazunienne, et qui essaime un peu partout en Occident et dans le monde (voir la rubrique djihadistes). A propos du mot Daech, il faut remarquer cinq choses :
  • ce mot ne reçoit pas d'article : en effet, on ne dit pas le Daech, mais Daech tout court, en s'affranchissant ainsi des règles normales du français. Anomalie flagrante, tout comme pour tsahal ;

  • ce mot peut s'écrire Daech, à la française, ou Daesh, à l'anglo-saxonne ;

  • ce mot se prononce à peu près daïich, mais la plupart des gens prononcent daech. Sauf quelques membres du gouvernement français – et non des moindres – qui prononcent obstinément « dash », même à la tribune de l'O.N.U., comme le nom d'une lessive chimique et polluante. Ignorance crasse, qu'il faudrait lessiver.

  • La plupart des journalistes et des hommes politiques emploient Daech ou Daesh pour ne pas parler d'État islamique (E.I.) ou, pire, d'Organisation terroriste islamiste (O.T.I.), voire d'État terroriste islamiste (E.T.I.), chose qui risquerait de froisser nos amis outre-méditerranéens. Il est conseillé, apparemment, d'employer le mot Daech pour ménager la susceptibilité des musul-man et des musul-woman. C'est donc un signe d'hypocrisie. Mot d'ordre des lamentables crétins des media et de la politique : Padamalgame ! A noter que l'appellation d'« État islamique » est complètement erronée, car cette organisation terroriste n'est pas un État au sens du droit international et, de plus, cette organisation n'a rien d'islamique. On peut se demander si les préoccupations de cette organisation ne sont pas d'abord de détruire et de tuer ; l'aspect religieux semble passer loin derrière. En gros, tout se passe comme si les obscurantistes de la secte Daech étaient persuadés que le soleil tourne de la terre, et qu'ils voulaient imposer cette vision arriérée au monde entier, fût-ce en assassinant le plus d'innocents possible (« The more, the merrier » – plus il y en a, plus on se marre –, disent les Anglois).

    Une dépêche de l'A.F.P. du 05.10.2015 utilise un certain nombre de contorsions linguistiques pour ne pas nommer franchement les choses : Le groupe extrémiste Etat islamique (EI) a réduit en poussière le célèbre Arc de triomphe de Palmyre en Syrie, dernier monument en date à être détruit par les jihadistes dans cette cité antique classée au patrimoine mondial. Ici, c'est un « groupe extrémiste » (sic). Quelques lignes plus loin, c'est devenu un « groupe ultraradical » (re-sic) : En août, le groupe ultraradical avait déjà amputé Palmyre, site inscrit par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité, de ses plus beaux temples, ceux de Bêl et Baalshamin, détruits à coups d'explosifs. « Groupe extrémiste », « groupe ultraradical » : on ôte ainsi à ce groupe terroriste islamiste toute connotation d'ordre religieux et terroriste. Bravo pour le courage et l'objectivité de l'A.F.P. !

  • Il ressort d'interviews données par les femmes ou les proches des terroristes qui se sont fait glorieusement exploser [attentats de Paris, nov. 2015, par exemple] qu'ils n'étaient pas spécialement des musulmans pratiquants. Ils buvaient même de l'alcool, se droguaient et menaient une vie de patachon. Leur brusque conversion ressemble à un embrigadement par une secte. Les méthodes de Daech ne semblent donc pas différer fondamentalement des méthodes des sectes (cf. la secte des hachichins). Leurs proies sont toujours des sujets qui cherchent un idéal – fût-il de mort – et qui sont mûs par une haine diffuse de l'Occident, par un amok généralisé, sous prétexte religieux.

Quelques exemples avec DAECH. Les forces de Daech ne parviennent plus à progresser pour plusieurs raisons. [...] Les bombardements des forces de la coalition empêchent les troupes de Daech de se regrouper pour effectuer des opérations d'envergure. [...] La parade pour les djihadistes de Daech consiste à se fondre dans la population, particulièrement dans les localités (Atlantico point fr, 21.12.2014). Un djihadiste néo-zélandais, parti rejoindre les rangs de Daech en Syrie, a tweeté durant plusieurs mois avec la géolocalisation de sa position activée. [...] Si tous les djihadistes étaient comme lui, Daech aurait du souci à se faire. Le Néo-Zélandais Mark Taylor, parti rejoindre les rangs de Daech en Syrie il y a quelques mois, a tweeté sa position sans s'en rendre compte entre octobre et décembre dernier (L'Express point fr, 03.01.2015). Il [le président de la République] dénonce l'appel au meurtre et à la haine religieuse des terroristes. Il exprime sa préoccupation face à l'extension des opérations de Daech en Libye et rappelle la détermination de la France et de ses alliés à lutter contre ce groupe (communiqué de l'Élysée, 15.02.2015). Il faut remarquer à ce propos que le chef de l'Élysée prononce « dash ».

Quelques exemples avec DAESH. L'nvité d'Olivier Galzi, mardi 30 décembre, sur iTélé, Alain Finkielkraut est revenu sur les moments forts de l'actualité de l'année 2014: les révélations d'Edward Snowden, Daesh, Vladimir Poutine, la montée du FN... et le livre de Valérie Trierweiler (Le Figaro point fr, 31.12.2014). Sur M6, une enquête sur Daesh et les islamistes français qui partent en Syrie faire le djihad avec leurs mômes sous le bras (Bakchich point info, 18.01.2015). Le sort horrible réservé par Daesh au pilote jordanien en a été la démonstration la plus barbare. Pour les terroristes de l’État islamique, le fait d’être musulman n’incite pas à plus de clémence. La haine de l’autre n‘a pas de limite (chronique Yahoo par Ravanello, 09.02.2015). Daesh soupçonné de trafic d'organes. L'organisation terroriste Etat islamique est accusée de trafic d'organes par un diplomate. C'est l'une de leurs principales sources de financement (M6-Info, 19.02.2015). Dans ce dernier exemple on parle de Daesh, d'organisation terroriste et d'Etat islamique (E à la place de É).

Étymologie : en arabe :
الدولة الإسلامية : ad-dawla al-islamiyya : État islamique, abrégé en E.I. Le nom complet est plus long et plus compliqué, mais on s'en fiche.

(rubrique modifiée sur la suggestion de Christophe Del Debbio, spécialiste des media)

Dakar (le Paris~) : depuis les menaces d'attentats terroristes, on ne parle que du Paris-Dakar ... en Argentine pour cette course-rallye. Paris-Pampa serait pourtant plus exact, non ? Et tellement plus exotique ! Au fait, le rallye n'arrive plus à Dakar depuis longtemps, et ne part même plus de Paris. Que reste-t-il donc ? Explication : « Le Dakar, qui est une marque et une affaire commerciale, correspond à un type particulier de compétition. L'organisateur a décidé d'en conserver le nom ». Circulez !

Dame : terme laudatif quand il s'agit de parler d'une femme que l'on admire. Souvent précédé de l'adjectif 'grande' : une grande dame de la chanson, ou bien : C'est bien la place de ppda de parler de cette grande dame respectable [il s'agit de sœur Emmanuelle]. Ou bien : La mort de Marie-France Pisier : une grande dame nous a quittés !

Pour les hommes, on ne dit pas 'sieur', mais 'monsieur' ou 'grand monsieur'. Voir Monsieur.

Étymologie : dame, espagnol doña et dueña, italien donna, du latin domina, féminin de dominus : maître, seigneur. La domina ou domna, c'était la maîtresse de maison, l'épouse, l'amie, la maîtresse, la reine (cf. les échecs et les jeux de cartes). Et la dame, au Moyen-Âge, c'était une femme mariée de haut rang.

Dance (anglicisme, prononcer da:ns) : chez les jeunes, tend à remplacer le terme danse. Vous les voyez faire la dance (sic) des canards autours (sic) de la piscine en maillot de bain ? C'est une dance féminine trés (sic) jolie à regarder. Passer de danse à dance, quelle transcendance ! Voir Music.

Étymologie : origine germanique (danson* qui a donné tanzen). Les langues romanes pour danser avaient ballar, baller (d'où le mot bal).

Dangerosité : ce terme élégant et léger signifie : danger, caractère dangereux, nocivité. La dangerosité de ce métier l'a fait classer profession à risque. Entendu sur une chaîne de télévision française à propos d'un pédéraste (= pédophile selon la terminologie actuelle) récidiviste : la haute dangerosité criminologique de l'individu... [= le grand danger que représente ce criminel]. Ou sur une autre chaîne : Cette dangerosité est patente [= ce danger est évident]. Lu sur un article web : Le médecin qui suivait James Holmes a signalé sa dangerosité potentielle à son université plus d'un mois avant la fusillade, selon des médias américains (Le Figaro point fr, 02.08.2012). A noter que le rédacteur parle de « fusillade », qui est normalement une décharge simultanée de plusieurs armes à feu. Holmes était cependant le seul à tirer. Autre exemple : Le pouvoir, en plus haut lieu, a bien laissé filer un homme dont la dangerosité était manifeste (Agora-Vox, 10.08.2012). Un homme dont la dangerosité était manifeste = un homme qui représentait un réel danger. Ou bien, ‘entendu à la télé’ à propos d'un tueur : [...] le haut potentiel de dangerosité de cet individu = le caractère très dangereux de cet individu. Peut-être que le fait d'allonger le mot rend le danger plus fort (?)

Voir Acceptabilité, Défectuosité, Durabilité, Employabilité, Faisabilité, Infectuosité, Payabilité, Pénibilité, Utilisabilité, Vérifiabilité (etc.)

Étymologie : danger, dangier : désignait en droit féodal le pouvoir de domination d'un seigneur sur ses vassaux. (Ceux qui nous dominent, nos gouvernants, sont donc des gens dangereux, ou de grande dangerosité). Du latin dominium : pouvoir, puissance. En vieux français “ être au danger de ” : être sous la domination de (et donc être en péril).

Dantesque : énorme, exorbitant, dément, infernal, catastrophique, dramatique, terrible, effroyable, effarant, hallucinant, apocalyptique (?) Exemple : Ils (les assureurs) nous ont proposé des taux dantesques qui n'étaient pas conformes à nos attentes (paroles d'un responsable du Stade de France rapportées par Le Monde point fr du 23.07.2009). On le savait déjà, les banquiers et les assureurs, c'est l'enfer. Tel autre chroniqueur sportif parle de culbuteurs qui atteignent des proportions dantesques (???)

Autre exemple, cueilli dans un chapô de Yahoo : Suite à des conditions météo dantesques, un gouffre s'est creusé sur une chaussée à Chicago. Dantesques = catastrophiques, infernales ? Et puis un gouffre sur une chaussée, ce n'est pas mal non plus. Entendu à la télé à la suite des catastrophes du 3 octobre 2015 : C'est un univers dantesque que présentent les villes de la Côte d'Azur. Univers dantesque = ? Au fait, Dante dans La Divine Comédie a aussi écrit sur Le Purgatoire et Le Paradis. Pourquoi est-ce donc toujours à L'Enfer que l'on songe ? Masochisme inconscient ?

Data center (néo-anglicisme) : il s'agit tout simplement d'un ‘centre de traitement de données’ ; mais l'expression anglaise fait plus moderne, plus branché, plus technique. Un centre de traitement de données est un centre dans lequel se trouvent regroupés des équipements constituants du système d'information d'une entreprise. Mais les néo-rédacteurs, conscients de la supériorité de la langue globisho-anglaise, ne se donnent jamais la peine de traduire ou d'expliquer ce type de termes ou d'expressions. Exemple : Celles-ci ont utilisent de puissants serveurs informatiques, le plus souvent hébergés dans de coûteux data-centers (Vingt Minutes point fr, 13.09.2014).

Date (en ~ du) : cette formulation bizarre et lourdingue peut tout simplement être remplacée par "le". C'est en date du 30/07/48 que Max Ingrand annonce la préparation de trois maquettes pour le chœur de l'église suivant le schéma actuel des vitraux (= c'est le 30 juillet 1948 que ...) On trouve très souvent cette formulation dans les « en-têtes » des messages électroniques.

D'autre part, les dates sont de plus en plus présentées, sur internet, sous une forme anglo-saxonne, aberrante : samedi, novembre 05, 2011, vendredi, décembre 23, 2011 ; ou bien :


Dates sous la forme anglo-saxonne (mois/jour/année), majuscules aux noms de mois et de jours,
pas d'espace entre les deux-points et le mot précédent.
Remarquer l'incohérence : « Mar Jan 20, 2009 » au lieu de Mar(di) 20 Jan(vier) 2009.

Date-butoir : arrivée directement en provenance des Étazunis par le vol AA 120, voici l'expression date-butoir, calque de l'expression anglo-américaine deadline, et qui signifie échéance ou date limite. Cette expression, date-butoir, manquait à notre culture, n'en déplaise à ces butors de puristes. À quelques jours de la date butoir fixée par l'ONU, la répression continue en Syrie (date limite ?) Autre exemple : "Plus on se rapproche de la date-butoir, plus ça prend de l'ampleur", ajoute-t-elle, même si les Minitels ne représentent qu'une petite partie de l'activité du groupe. Exemple tiré du Point point fr : Une ordonnance d'expulsion, fixant à vendredi midi la date butoir pour évacuer les lieux, a été rendue mardi après-midi, a annoncé le maire démissionnaire mardi soir à l'AFP. Encore un exemple, canadien celui-ci : Date butoir du 10 avril: « une campagne de peur », selon les étudiants. Et, en ce qui concerne nos permis de conduire, loteur a pioché cette phrase dans Yaourt-Auto : La date butoir pour la mise en place de ce nouveau format était fixé (sic) au 19 janvier. Mais au final, il sera lancé chez nous en septembre 2013. Remarquer l'expression néo-crétine : au final.

Étymologie : date, du latin data : (choses) données. Verbe do, datum, dare : donner. Butoir, du verbe buter, dérivé de but, qui désigne le point que l'on vise. Le verbe buter, qui voulait d'abord dire viser, prit le sens de 'donner le pied contre' (un obstacle). En argot buter signifie tuer, abattre.

Daté (langage ~) : qui date ? vieillot ? Exemple un peu bizarre : Mais ils n'avaient pas face à eux François Hollande, son langage daté et sa gauche disparate (Le Figaro). En français, un des sens du verbe dater est : être désuet, démodé, vieilli. Cette expression date déjà.

Emploi normal de daté relevé dans un article : En page IV du "Monde des vins", un supplément daté du 13 décembre, nous avons eu la grande surprise de lire ... (etc.)

Étymologie : daté, p.p. du verbe dater ; du latin data : (choses) données. Verbe do, datum, dare : donner. Grec δίδωμι (didômi) : donner. Espagnol donar, italien donare.

Daube : synonyme de merde, ou mauvaise qualité. Les agitos (personnages ou objets agités, en mouvement, à propos du logo de Londres-2012), c'est de la daube. Daube est souvent mis à la place de dows : Windaube Ouista, c'est de la méga daube.

Étymologie : dauber quelqu'un, c'est le railler, c'est se moquer de lui. D'une vieille racine qui signifie frapper (cf. adouber : donner un coup d'épée pour armer un chevalier).

Day use (anglicisme, prononcer deɪ ju:s) : en journée, pour la journée. Se dit de plus en plus à propos d'hôtels qui louent leurs chambres en day use, c'est-à-dire pour la journée. Qu'il s'agisse d'un moment de détente, de repos entre deux avions, d'un lieu pour travailler, et bien sûr pour un après-midi coquin, on ne vous demandera aucune explication pour réserver une chambre dans un hôtel day use (réclame publicitaire pour un hôtel). Il est vrai que dire « pour la journée », c'est terriblement français et ringard, surtout dans l'hôtellerie. Loteur peut attester qu'il est allé dans un hôtel français, à Paris, et que tout était marqué ... en anglais. C'est vraiment effroyable de voir nos compatriotes lécher l'arrière-train des Anglo-Américains. Mais peut-être cet hôtel avait-il été racheté par un groupe étranger ? Et contre ces day use, pas de deus ex machina pour sauver la situation in extremis (loteur cause latin pour essayer de contrer les Anglo-Saxons).

De (1 de 5) : dans la pagination ou l'énumération des informaticiens, est devenu synonyme de ‘sur' : Page 1 de 5, disquette 2 de 3 au lieu de 1 sur 5, 2 sur 3. Importation frauduleuse de l'anglo-saxon ‘of' (1 of 5).

De ma (c'est de ma, de ta, de sa faute) : remplace depuis longtemps le simple : c'est ma (ta, sa) faute. Cf la sympathique expression populaire : Comme de bien entendu.

De par : dans les sens de : ‘à cause de', ‘en raison de', ‘par' : de par sa formation, il est apte à... En français normal ne s'emploie que dans une seule expression : ‘de par le Roi' (= de la part du Roi) : « Marchez, Monsieur, de par le Roi ». Difficile de concevoir : « Marche, citoyen, de par le président ». On trouve quelquefois la graphie de part, exemple de la part d'un médecin : En effet, de part leur effet inhibiteur au niveau de la production rénale de prostaglandines (un vasodilatateur), ils peuvent induire une insuffisance rénale assez sévère (sévère = grave en anglo-saxon). Diantre ! On se saurait jamais être assez "sévère" contre de telles fautes.

Autre exemple, pêché sur internet avec le filet de loteur : Listées pour vous, des milliers de personnalités juives (de par leur mère), à "moitié juive" (de par leur père), ou "converties"... (à propos du petit programme « Juif, pas juif » sur un appareil de la marque Alapom). Encore un exemple, lu sur Agora-Vox : De temps en temps, de par le hasard, et les relations du moment, il m'est arrivé de rencontrer, de côtoyer, ces véritables « maîtres du monde ». Snobinard, va !

Dé-, dés- : le préfixe - ou dés-, qui indique une action contraire, semble productif : abonner → désabonner, accoutumer → désaccoutumer, construire → déconstruire (une ligne adsl), fatiguer → défatiguer, informer → désinformer, déboguer (un programme), décoincer (quelqu'un de 'coincé') etc. Le même principe est valable pour les substantifs : construction → déconstruction ; croissance → décroissance. Peut-être un principe cher à la novlangue, qui aime forger des mots en prenant le négatif d'un mot déjà existant... Voir ci-dessous le verbe désinscrire.

Deadline (anglicisme, prononcer dedlaɪn) : ça fait très chic et branché que de dire deadline pour indiquer une date d'expiration, une échéance, une date limite. Certains, en mal de traduction, ont adopté “ date-butoir ”, ce qui est un calque direct. Revenons donc à nos dates d'expiration ou à nos échéances, bien d'chez nous. Si même le temps est compté en anglo-américain, on n'est pas dans la m... Voir plus haut Date-butoir.

Étymologie : racine germanique ayant donné to die, death, Tod (allemand)... Deadline, littéralement ligne de mort : échéance. C'est, encore une fois, la mort du français que d'adopter des mots étrangers, alors même que le mot français existe déjà.

Deal (anglicisme, prononcer di:l) : "donne" (dans un jeu de cartes), affaire, système d'affaires ou de commerce, marché, accord, transaction : « le vieux système fordien, aucun 'bon deal', aucune nouvelle donne ne l'a encore remplacé » (Pyralène Ségal).

Dans l'argot des banlieues, le deal est la vente de drogue. Un dealer (prononcer dîleur, littéralement celui qui fait du commerce) est un trafiquant ou revendeur de drogue – euphémisation de la novlangue ! Verbe : dealer (prononcer dîlé) : faire du trafic de drogue.

Le "New deal" de Franklin Roosevelt était-il un nouveau système de vente de drogue ? Voilà qui serait stupéfiant.

Étymologie : deal, d'une racine germanique signifiant partie, diviser.

Débancariser, débancarisation (néo-barbarismes de la phynance) : la débancarisation est l'impossibilité ou l'interdiction d'avoir accès à un compte en banque, – suprême sanction dans un monde gouverné par les banques. Aujourd'hui, des millions de français (sic, sans F majuscule) connaissent des difficultés financières : on compte 2 millions de malendettés (sic) ; 2 millions de fichés ; 500 000 débancarisés. Mais où vont-ils chercher ces mots-là ?

Étymologie : préfixe dé-, indiquant la fin ou la sortie de, + banque, de l'italien banca : table, comptoir de vente. Le mot, initialement, signifiait banc.

Débat (télévisé) : loteur a attendu plusieurs mois après l'élection présidentielle de mai 2012 pour mettre cette rubrique dans son glossaire. On a déjà parlé du procédé par anaphore, utilisé par les deux candidats finalistes. Mais ce genre d'émission télévisée, très prisée des téléspectateurs ainsi que des journalistes, a été repris des Étazunis (fameux débat entre Kennedy et Nixon), se réduit à une sorte de combat de coqs, ou rappelle le ‹ combat des chefs ›, que l'on retrouve à la fin des films de James Bond, par exemple.

Il existe aussi une infinité de débats télévisés, à propos de tout ou de rien. Ce sont des émissions-débats, où apparaissent toujours les mêmes têtes, ou presque, débattant sur des ‹ questions d'actualité › et qui font office de commentaires de l'actualité, que les journalistes traitent au pas de charge (deux-trois muinutes par sujet sauf exception).

Faire débat : expression très souvent utilisée par diverses personnes, et surtout les journalistes. Faire débat semblerait signifier provoquer un débat, mais sur des sujets difficiles ou épineux, sur lesquels on ne tombe pas d'accord, ou dont l'issue est douteuse : Bref, l'opinion publique est à nouveau focalisée sur des sujets qui font débat [ici, à propos de Marine Le Pen, et concernant la politique, l'économie, l'islam]. Le diagnostic prénatal va-t-il faire débat au Sénat ? [à propos du dépistage d'anomalies génétiques comme la trisomie 21]. Et enfin, une phrase qui apporte de l'eau au moulin de loteur : L'immense quantité d'eau qui recouvre aujourd'hui la Terre est donc vraisemblablement d'origine extra-terrestre, même si son origine exacte fait toujours débat entre les scientifiques.

Lue sur l'excellent Yaourt! cette variante dans un titre concernant les régimes : Une façon de se nourrir qui fait polémique. Le sens de cette variante est sans doute plus agressif ; en grec πολεμικός (polemikos) signifie : qui concerne la guerre.

Étymologie : du préfixe dé- + le verbe battre. Le sens propre est battre de çà et de là (Littré), tiraillement. Employé dans le vocabulaire parlementaire, débat correspond à l'anglais 'debate' pour désigner les délibérations officielles dans une institution publique, notamment au Parlement.

Débuter : pour mémoire : le verbe débuter est intransitif, et on ne dit pas débuter une émission, débuter un match, mais commencer. Rappel inutile, sans doute, tant la forme transitive est entrée dans les mœurs, surtout chez les gens de télévision, – mais pas uniquement. Comme vous pouvez le voir dans le titre c'est un tutoriel pour débuter la guitare acoustique comme électrique cela n'a aucune importance. Autre exemple : Le quotidien économique ajoute également qu'Apple "vient seulement de débuter les négociations pour les licences avec les maisons de disques". Commencer, entamer, lancer, ouvrir seraient-ils trop banals ? Ou bien encore ce titre dans Yaourt! : Obama débute son second mandat. L'article original dit : Obama entame son second mandat (). Encore un exemple avec un participe passé fautif, pioché dans un forum : Contrefaçons pharmaceutiques : la guerre mondiale enfin débutée (= contrefaçons de produits pharmaceutiques : la guerre mondiale enfin lancée, déclarée, ouverte, commencée).

() Loteur a remarqué qu'assez souvent les rédacteurs de Yaourt! déforment les mots des articles originaux, – quand ce ne sont pas les informations.

Étymologie : vient de début : préfixe dé-, + but. Pour début, explication de Littré : « Le début, c'est au jeu de boule l'action de tirer de but, du lieu où est le but ; de là le sens de commencement, le début étant un commencement pour le joueur de boule ».

Décalé : dans le sens de différent de, pas ordinaire, original, en marge, voire à côté de ses pompes. Humour décalé, personnage décalé. « Le bobo, tout en cultivant l'image décalée d'un rebelle irréductible à l'ordre moral, est conformiste au dernier degré ». Voir Déjanté.

Étymologie : du préfixe dé- + le mot cale. Décaler, c'est enlever la cale, c'est donc déséquilibrer.

Décallage : dans le sens de décalage, sans doute. Exemple puisé dans le figaro point fr : À Toulouse, deux amis du jeune homme donnent une vision plus intime de sa personnalité, en complet décallage avec les figures de tueur froid ou d'islamiste radical qui se profilent aujourd'hui (à propos de l'auteur de la tuerie de Toulouse en mars 2012). Cet excellent homme, qui a tué sept personnes, est présenté comme « calme, gentil et respectueux », toujours poli avec ses voisins et amis ... Ce qui est en parfait décalage avec la réalité, ce sont les commentaires de nos amis journalistes.

Décapant : qui décape, nettoie à fond, enlève, récure, surtout en parlant des peintures ... Mais cet adjectif a pis un sens abstrait : on parlera d'une œuvre décapante, d'une pièce de théâtre décapante, d'un clip décapant : ils remettent en cause les façons de penser et de créer, donnent un véritable coup de fouet. Cet adjectif avait tendance à être employé à toutes les sauces. Un peu vieilli, mais toujours vivace.

Étymologie : du préfixe dé- + cape ou chape : ôter la rouille ou les impuretés qui recouvrent un objet comme une chape.

Décapiter : synonyme poli d'égorger chez les journalistes. Tous les media ont parlé de la mise à mort d'otages occidentaux, en parlant de décapitation. Il semble, malheureusement, que ces otages aient été égorgés, ou d'abord égorgés puis décapités. Manie journalistique détestable, tous ces media (ou presque) parent aussi d'« exécutions », alors qu'il s'agit d'assassinats. Exemples tirés de notre glorieuse presse nationale : Le groupe terroriste, qui menaçait de l'exécuter si la France ne cesse pas ses frappes contre Daech, a diffusé le 24 septembre une vidéo où il décapiterait l'otage. (L'Express point fr, 24.09.2014). Noter Daech, mot nouveau désignant l'État islamiste du Moyen-Orient. Algérie : l'otage français H. G. a été décapité. Des djihadistes algériens se réclamant de l'organisation État islamique ont diffusé une vidéo – non authentifiée – montrant l'exécution du guide français. (Le Point point fr, 24.09.2014). Noter les mots exécuter, exécution : mettre à mort, mise à mort.

Substantif : décapitation. Le groupe «Jund al-Khilafa», affilié à l'Etat islamique, a mis sa menace à exécution et a diffusé ce mercredi une vidéo mettant en scène la décapitation d'H. G. (Le Parisien point fr, 24.09.2014). Autre exemple : Le Niçois H. G., 55 ans, dont un groupe jihadiste a revendiqué mercredi la décapitation, après son enlèvement en Algérie, était amoureux du Maghreb,... (Vingt Minutes point fr, 24.09.2014)

Étymologie : formé de dé-, préfixe de séparation + finale capiter, du latin caput, -itis : tête.

Décent (travail) : ??? Six syndicats appellent les Français à descendre dans la rue ce mardi, dans le cadre d'une "Journée mondiale sur le travail décent" organisée par la Confédération syndicale internationale ... . Jeux de mots volontaire ? Involontaire ? En tout cas, on devrait descendre les journalistes qui écrivent de telles phrases.

Étymologie : décent, du latin decens, venant du verbe défectif deceo, decere, convenir. Sous-entendu qui convient à la morale.

Décentralisation (néologisme, XXe siècle) : il faut saluer, comme elle le mérite, cette grande victoire du dirigisme étatique, qui a fait multiplier par trois ou quatre les impôts locaux, puisque l'État ne veut plus prendre en charge ce qui lui incombe (réseau routier, enseignement...).


Hello, happy décentralisés !

Étymologie : décentraliser, décentralisation, c'est ne plus centraliser. Centraliser, verbe formé à partir de centre, du latin centrum (grec
κεντρον): branche fixe du compas qu'on pique pour tracer un cercle.

Déceptif : décevant ? « Quoi de plus déceptif qu'une excellente campagne de pub, qui renvoie sur un site décevant quant à son contenu ? » (déceptif + décevant : il faut le faire).

Phrase lue sur un site internet traitant de vidéo à la demande : Et la quasi obligation de passer par une formule payante de téléchargement illimité prouve bien qu'en présence d'un « service » simple et rarement déceptif, tout le monde ou presque voudrait bien mettre la main à la poche. Service simple et rarement déceptif ? Est-ce différent d'un service simple et rarement décevant ? That's, you know, the question...

Rappelons pour les lettrés que deceptive en anglais signifie “ trompeur ” : the camel is a deceptive animal. Ces anglomaniaques impénitents sont vraiment décevants, ... ou tout simplement ignares.

Étymologie : du latin decipere, préfixe de + verbe capere : prendre. Decipio, decipere : prendre, surprendre, tromper.

Déchirer : écraser, battre, réduire à néant : ce mec-là, je vais le déchirer. De tels verbes vous déchirent les tympans. Et comment comprendre cette phrase : La tornade a tout déchiré sur son passage ? A tout détruit ? A tout ravagé ? Et cette autre phrase : « [...] la Seconde Guerre mondiale, l'invasion des Petchenègues, des Cumans et des chevaliers qui ont déchiré la Russie » ?

Étymologie : mot hybride composé du préfixe dé- et de l'ancien haut-allemand skerran, déchirer (Littré).

Décimer : pris souvent dans le sens d'exterminer, massacrer, anéantir : Une famille a été décimée par un incendie dans le petit village de Bignan en Bretagne (Europe-1 . fr, 02.11.2010). En fait, tous les membres de la famille sont morts, et non un sur dix (décimer veut dire : exécuter un sur dix). Ou bien : Trois personnes, le père et deux adolescents de 13 (bien 13) et 16 ans, sont morts sur le coup. La passagère, belle-mère des deux garçons, a été emmenée vers un hôpital où elle est ensuite décédée. [...] La famille décimée, qui circulait à bord d'une BMW, habitait Romorantin (Rtl . fr, 04.03.2012). Si quatre personnes sont mortes, cette famillle décimée devait compter quarante personnes. On se demande, de plus, ce que signifie (bien 13) entre parenthèses. Ou bien encore cet autre exemple : "Avant de commencer notre croisade, nous devons faire notre devoir en décimant le marxisme culturel" (Le Parisien . fr, 23 juillet 2011, à propos du Norvégien Anders Breivik, l'auteur de la tuerie de la petite île d'Utoeya). Mauvaise traduction de la part du journaliste français ? D'autre part, dans son article, Le Parisien parle du Norvégien Anders Breiving et non Breivik (?).

Un emploi amusant que loteur a observé sur un forum avec sa loupe à néo-crétinismes : Pourquoi négocier alors qu'ils avaient décimés (sic) la moitié des otages et planifiaient pour faire sauter l'installation ? Là, on décime par moitié.

Étymologie : décimer, c'était une sanction chez les Romains qui consistait à exécuter un soldat sur dix quand une armée avait été vaincue. De decimus : dixième. Comment donc comprendre ce titre lu sur une bandeau de Télé-BFM : Des dizaines de milliers d'oiseaux [...] sont décimés par la chasse ? S'il n'y a qu'un sur dix, cela ne fait que quelques milliers au plus.

Décisionneur, décisionnaire : qui décide, décideur. On rallonge, on rallonge... L'Indice de Participation des Femmes à la vie économique et politique évalue les progrès des femmes en termes de participation et de pouvoir décisionnaire dans la sphère politique et dans l'économie. Ou bien : Ces "petites phrases", disséminées distraitement par le plus connu des Martignyois de Berne, forment, lorsqu'on les met bout à bout, une philosophie politique solidement charpentée qui va plus loin que le pragmatisme à courte vue des décisionneurs archaïques de ce pays.

Étymologie : décision, décider, du latin decidere, décider, littéralement couper, verbe composé de 'de' + 'caedere', couper. Cf. en français le verbe trancher.

Déclaratif (barbarisme) : imbécillité de langage, signifiant simplement description, déclarations, dires. D'après le déclaratif du client... (= d'après le client, selon le client). Il faut d'autre part noter cette tendance à prendre un adjectif pour en faire un substantif (p.e. les fondamentaux) ou un adverbe (p.e. au final).

Lu sur un blogue (d'après une transcription d'une vidéo ; les fautes d'orthographe et de syntaxe ont été corrigées) : « Mais il y a l'idée que c'est le genre que je me choisis et celui avec lequel je m'identifie qui m'autorise à pouvoir choisir un sexe déclaratif qui sera sur mes papiers d'état civil, et ce sans qu'un juge, un médecin ne viennent imposer toutes sortes de tests pour ce faire ». Sexe déclaratif ? Sexe déclaré, peut-être, ou sexe qu'on déclare ?

Étymologie : déclaratif est un adjectif, et ne peut donc être pris pour un substantif. Déclaratif : terme de droit. Acte déclaratif : droit qui ne dérive pas d'un acte de partage, mais lui est antérieur. Du verbe déclarer, latin declarare, préfixe 'de' + 'clarare' : rendre clair. De clarus : clair.

Déclassifier (néologisme) : rendre public, lever le secret sur. Origine anglo-saxonne ? En anglais to declassify : ne plus considérer comme confidentiel. Le directeur actuel de la CIA, le général Michael Hayden, a annoncé la décision de déclassifier les documents, connus dans l'agence sous le nom des « bijoux de famille » (hé, on lève le voile sur des parties cachées). Autre exemple : M. Valls s'est à nouveau engagé à ce que soient déclassifiés les documents nécessaires pour que la vérité éclate dans ce dossier. L'expression « rendus publics » au lieu de déclassifiés serait-elle trop banale pour les néo-rédacteurs ? Voir Classifier.

Substantif : déclassification : Déclassification de documents des années 70 sur les crimes de la CIA (USA Menace over-blog point com). Ou, autre exemple : Des preuves accablantes contenues dans la déclassification FOIA de mai 2000 révèlent qu’à la mi-novembre 1941, alors que les forces navales japonaises avaient mis le cap sur Hawaï, les radio-cryptographes américains AVAIENT bien décodé les principaux codes navals japonais,... (Futur quantique point org, 18.08.2010)

Étymologie : préfixe dé- + classifier, qui vient de classificare, à partir de classis : classe + le verbe ficare (facere) : faire. Voir à Classe.

Déclin cognitif : on ne dit plus vieux, mais sénior ; on ne dit plus gâtisme, mais déclin cognitif. Immense progrès. Dans le film « Les Visiteurs », le vieil enchanteur gâtouillait ; il serait désormais victime d'un déclin cognitif. C'est autrement plus parlant. Autre exemple : Des chercheurs estiment que le déclin cognitif lié à l'âge peut être ralenti ou même partiellement restauré si les personnes âgées sont exposées à des activités mentalement stimulantes (Médi-site point fr, non daté). Pour éviter de devenir gâteux, cultivez votre esprit – si les produits chimiques dans l'alimentation et la pollution atmosphérique vous le permettent.

Étymologie : déclin, du latin declinare, formé du préfixe 'de' et de 'clinare' (grec :
κλίνω [klinô]) : incliner, faire pencher.

Cognitif, du latin médiéval cognitivus, d'après le verbe cognosco, cognitum, cognoscere : chercher à savoir, apprendre.

Décliner (néo-barbarisme) : ce verbe, abondamment utilisé par ceux-là mêmes qui n'ont jamais étudié de langues à déclinaisons, s'emploie un peu dans n'importe quel sens : présenter, faire, produire, créer, varier, exister : Le principe doit être également décliné pour les téléphones (proposé, présenté, offert). Le journal décline les villes qui pourraient basculer à gauche (décline = énumère). Là, je décline toute responsabilité, dixit loteur. Ce modèle se décline en plusieurs couleurs (est proposé). Windows XP se décline en deux versions : Professionnelle et Familiale (se décline = se présente, est proposé). Ou bien : Windows Vista est décliné en 5 éditions (?) Autre exemple : Déclinée en films long métrage, romans et jeux, la série a présenté... Décliner s'emploie également dans le sens d'écrire, rédiger, raconter : ... en vue d'aider les futurs prétendants au bac à décliner une honnête dissertation. Ou bien : Cette histoire est déclinée de 99 façons différentes. Décliner prend donc souvent le sens de prendre ou donner une forme différente. Autre exemple, où (se) décliner prend le sens de se diviser, se scinder : L'histoire de cet article se décline en quatre temps.

Nec plus ultra, on décline maintenant dans l'art culinaire : ... les bons Français font avec la quiche dite lorraine, déclinée en quiche au thon, quiche végétarienne, et autres (Champignac, 27.10.2009). Le verbe décliner s'emploie donc vraiment à toutes les sauces. Répétons le principe numéro un de la néo-langue : un mot, plusieurs idées.

Enfin, il faut noter qu'un vieil original trouva bon d'écrire, à la fin d'un manuscrit, cette phrase sibylline : « Ci falt la geste que Turoldus declinet ». Lui aussi il déclinait déjà, et c'était au XIIe siècle.

A donné le substantif déclinaison [forme, modèle, type, version, variante, variation, variété] : « Dans la rubrique Cartes réseau il y a trois déclinaisons : une carte 1394, une carte 10/100 et une carte wifi » (une cliente, énumérant les composants installés dans son ordinateur). Ou encore : Bien que les différences soient minimes entre les deux déclinaisons [de Windaube Xp] ... Ou bien encore : Je regarde mieux et je m'aperçois qu'il s'agit de déclinaisons de marques d'eau (Champignac, 15.06.2007). Déclinaisons de marques d'eau ? Peut-être sur le modèle : aqua, aquæ, aquam... Ou cette page de vente d'assiettes : Assiette Zoreilles - Panda : Déclinaison : Panda. Voir d'autres déclinaisons (un site de vente à distance). Des assiettes qui se déclinent ? Alors là, on peut dire que le français décline vraiment. Ou encore (les exemples ne manquent pas, hélas) : Il y a quelques jours, la foudre s'est abattue sur New York Unité spéciale, l'une des déclinaisons les plus prolifiques de la franchise Law & Order (chronique Télévision de Yahoo, 06.06.2011). Ici, déclinaison peut être synonyme d'émission ou de programme. Les aveugles peuvent aussi se décliner : [...] on ne fait pas que disqualifier aveugle et ses déclinaisons verbales, adverbiales, adjectives ou proverbiales (aveuglant, aveugler, aveuglement, aveuglément, aveuglette...) (une page perso Orange).

Toutes ces déclinaisons-là n'ont rien à voir avec la “ déclinaison ”, terme d'astronomie, et qui désigne l'angle formé par un corps céleste sur le méridien céleste par rapport à l'Équateur céleste (voir l'angle
δ (en bleu) sur le schéma astronomique ici).

Dernière nouveauté : on peut décliner des verbes maintenant. Ça fait déjà pas mal de temps que les verbes "croire" et "voir" sont déclinés en "ils croivent", "ils voyent" (Forum point fr, 31.08.2009). Voir Conjugaison.

appel : décliner, c'est faire passer un nom, un pronom, un adjectif par tous ses cas et flexions. Le mot déclinaison s'emploie aussi pour l'astronomie (la déclinaison d'un astre). En droit décliner une juridiction, c'est ne pas la reconnaître. Au figuré décliner signifie refuser. Décliner, c'est aussi aller vers sa fin (le soleil décline ; cf. Le déclin de l'Occident d'O. Spengler). Décliner veut aussi dire décroître, dépérir, péricliter... Ses forces déclinent.

Étymologie : Du latin declinare, formé du préfixe 'de' et de 'clinare' (grec :
κλίνω [klinô]) : incliner, faire pencher. Voir Climat.

Déclinologue : hé bien non, ce n'est pas un grammairien qui s'amuse à décliner toutes sortes de noms ou d'adjectifs, ce n'est pas non plus un adepte des théories d'Oswald Spengler (Le déclin de l'Occident), mais c'est quelqu'un qui manifeste son pessimisme, – à propos de tout ou de rien (politique, économie, situation mondiale...). Il aurait été logique de penser qu'un déclinologue était une personne analysant les causes d'un déclin. On doit, paraît-il, ce barbarisme navrant à Dominique de Villepin. Exemple piqué sur internet : Si vous avez le malheur de répondre non, croyez-moi vous serez accusé d'être un vilain petit canard, un déclinologue ! (question à propos de football).

Trouvé, au hasard des lectures sur internet, les mots bizarres : décliniste et déclinisme. Ce sont, apparemment, des synonymes distingués de pessimiste et de pessimisme, teintés d'un sentiment de peur ou d'appréhension. Le «déclinisme» qui envahit les commentaires et le débat public est alimenté par toute une série de sondages et d'études d'opinion (à propos de la situation de la France [2013]). Ou bien : Ses phrases qui ignorent le conditionnel, sa culture, son déclinisme fiché dans la moelle, ses statistiques tombées de Mars... (à propos d'Éric Zemmour). Il y a peu de chances, en effet, qu'un décliniste ait quoi que ce soit à voir avec les déclinaisons, et qu'il passe ses journées à décliner des noms ou des adjectifs, ou à décliner son identité.

Étymologie : voir rubrique précédente.

Décomplexer : libérer de contraintes morales. Un exemple glané dans la presse sur internet : Les love shops ont décomplexé le business des sex-toys (en français dans le texte). Il n'y a plus de sex-hops, mais des “ love shops ” () ; il n'y a plus de marché ni de commerce, mais du “ bussiness ”, il n'y a plus de godemichés, mais des “ sex-toys ”. Même en amour, c'est l'invasion des Anglo-Américains. On ne baise plus français. C'est complexifiant, dirait loteur.

() En fait, les love shops, nous explique-t-on, sont un concept (sic) venu des pays anglo-saxons, et qui consiste en magasins vendant de la lingerie et des gadgets érotiques qui ne sont pas réellement « offensants pour la pudeur ». Une chatte ou une bite non plus n'offensent pas la pudeur, elles n'offensent que la connerie hypocrite des bien-pensants.

Déconomètre : appareil inventé par Michel Audiard, et destiné à mesurer le degré de connerie manque d'intelligence. « Le déconomètre fonctionne à plein tube ! » (Fr. Bayrou à propos de la taxe de 75 % sur les gros salaires, imposée par le président Fr. Hollande). Voir Néo-crétinismomètre.

Déconstruire : hé oui, on ne supprime plus, on ne démolit plus, on ne détruit plus, on ne démonte plus, on ne défait plus. Non, on déconstruit. Exemple : Murdoch à terre, va-t-on déconstruire idéologiquement le thatchérisme ? (Arrêt sur images point net, Rue-89 point com, 15.07.2011). Autre exemple, typique de la néo-langue politiquement correcte (= qui suit l'idéologie officielle) : [...] l'équipe pédagogique se mobilise pour déconstruire les stéréotypes de genre qui assignent les enfants à des rôles différents en fonction de leur sexe (Agora-Vox, 13.02.2013). Et France Téléfon ne supprime pas ou ne résilie pas une ligne adsl ; il la déconstruit. C'est technologiquement plus avancé.

Principe de novlangue : pour prendre l'inverse d'un verbe, on n'utilise plus un verbe ou des verbes de sens opposé, mais on utilise le même verbe auquel on adjoint un préfixe négatif : économie de mots, indigence de pensée. Fatiguer, défatiguer ; complexer, décomplexer ; programmer, déprogrammer ; publier, dépublier ; déconner, dédéconner, etc.

Substantif : déconstruction, comme dans cet exemple : L'émission des frères Bogdanov, « A deux pas du futur », est consacrée à la déconstruction des mythes sur les ovnis (Rue-89 point com, 12.01.2011). Ici déconstruction a comme sens : destruction, démolition, liquidation, mise à bas... Noter l'emploi du mot futur au lieu d'« avenir ». Autre exemple : Discrètement, l'entreprise qui a décroché le contrat de déconstruction des maisons sinistrées de La Faute-sur-Mer entreprend de suivre les poids lourds afin de voir où ils déversent leur cargaison. (La Faute sur Mer point net, 04.04.2011). Dans cet exemple, déconstruction peut être simplement rendu par démolition. Mais peut-être qu'ici déconstruction est moins violent. Encore un exemple, trouvé sur un faux-rhum : Les Révolutions arabes : déconstruction d'un mythe. Le mot « destruction », pourtant plus court, est ignoré. Un dernier exemple : Des sites internet sont désormais spécialisés dans la déconstruction de ces canulars du web (Le Figaro point fr, 28.11.2014). Ici, déconstruction peut signifier : démystification, démolition, destruction, mise à bas...

Étymologie : déconstruire, formé du préfixe dé- : action inverse, + construire. Le mot, qui fait figure de barbarisme, est attesté dès la fin du XIXe siècle.

Décrédibiliser (néo-barbarisme) : discréditer, tout simplement. Selon l'adage néo-crétin « Plus c'est long, plus ça a de poids », on utilise ce verbe lourdingue à la place du verbe discréditer, plus élégant. Exemple : La France et l'OTAN risquent de décrédibiliser la responsabilité de protéger (titre du Monde point fr, 26.04.2011). Autres exemples : "Sarkozy utilise le mensonge pour décrédibiliser la CGT" (L'Express point fr, 06.04.2012) ; Thibault : Sarkozy "utilise le mensonge pour décrédibiliser la CGT" (Le Point point fr, 06.04.2012) ; Pour Copé, le bug de SFR sur le chômage va décrédibiliser Hollande (Vingt Minutes point fr, 02.10.2013). Encore un exemple ? Pour décrédibiliser les musulmans, LCI fait un scandaleux amalgame entre Islam et "islamisme" (Halal-Book point fr, 07.09.2014). Le verbe décrédibiliser est mis ici pour discréditer, voire pour stigmatiser.

Étymologie : décrédibiliser, néo-barbarisme

Décrypter, décryptage : ça a l'air d'être une nouvelle mode, inaugurée par les journalistes, que de dire décryptage au lieu de reportage, commentaire, analyse, explication... On essaye de trouver un sens caché à des faits ou à des propos. Mais beaucoup de faits et de propos n'ont pas de sens caché, voire n'ont aucun sens. Cette mode aurait été lancée par les journalistes de l'émission « Arrêt sur images ».

Quelques exemples, glanés au hasard des lectures de loteur : Jean-Marc Morandini décryptera pour vous l'actualité des médias au sens large (Télé-Loisirs point fr, 06.08.2013). Et voici en quoi consiste ce « décryptage » : Chaque soir, reportages exclusifs, enquêtes, des infos, des faits et de la bonne humeur... Autre exemple : Yves Calvi décrypte, en compagnie de ses invités, l'actualité culturelle, sociale et politique sur un ton à la fois léger et polémique (Programmme-Télé point net, à propos de l'émission « C dans l'air » [sic]). Il décrypte si bien l'actualité qu'il dit ne pas connaître le groupe Bilderberg, ce qui en dit long sur son incompétence ou son manque de probité intellectuelle (). Ou bien encore : France 5 propose, samedi 23 mars 2013 à 19 heures 00, le rendez-vous de décryptage de l'actualité présenté par Paul Amar (Telle est ma télé point com, 23.03.2013). Remarquer la notation 19 h 00, au lieu de 19 h. Précision à l'américaine ? Entendu à la télé (27.11.2015, 19 h 25) : « Les 6 et 13 décembre prochains, ce sont les élections régionales. Pour décrypter les programmes des candidats, suivez nos émissions... » Décrypter les programmes ? Les candidats ont des programmes en langage codé ?

() Yves Calvi lit une question posée par SMS à l'écran, en ponctuant sa lecture d'un aveu : « “Que savez-vous de l'organisation mondiale Bilderberg” – moi, je n'en avais jamais entendu parler – “qui réunit chaque année les personnages les plus influents du monde ? ” Vous connaissez ça, vous ? »

Dans tous ces exemples, il est question de journalistes. La cryptographie est-elle maintenant réservée aux journalistes ? Et est-ce si dur à comprendre l'actualité, un reportage ou un fait divers, qu'il faille les décrypter ? Les journalistes prennent vraiment les citoyens pour des imbéciles. A2, le dimanche 09 novembre 2008, 20 heures : journal télévisé présenté par un journaliste politiquement correct. Parmi une avalanche de faits divers et banals, le journaliste prononce savamment le mot décryptage au lieu de 'reportage', 'explications', 'commentaires'. En fait, ce sont ... des images de popes se crêpant le chignon. Un magazine de télévision propose ainsi (voir captécran ci-dessous) : « Parce qu'il est difficile de décrypter l'actualité et les grandes tendances de la société actuelle, Claire Barsacq et Thierry Dagiral proposent, avec "Reporters", un espace d'investigation et d'analyse » (Programme Télé point net). Noter « Décrypter l'actualité » : un psittacisme, une expression vidée de son sens. Ou bien encore : l'expression « espace d'investigation » (enquête ?)


Noter « décrypter l'actualité », « espace d'investigation », « business juteux », « actualité people »,
« news insolites », « coeur » (cœur), « mis en perspective », « être en phase ».
La néo-langue triomphe chez les journalistes et les rédacteurs.

Et puis, comme toujours : un mot = plusieurs sens. Principe de novlangue. Donc, quand un journaliste propose avec pédanterie de « décrypter » l'actualité, il faut comprendre par là qu'il va présenter des paroles ou des images saupoudrées de quelques commentaires : Notre confrère va décrypter les paroles du chef de l'État (le chef de l'État parle donc en langage codé ? Ses propos sont-ils si abscons ?). Encore de la poudre aux oreilles. Tiens, encore cet exemple, pris dans Le Parisien point fr : Le PDG de l'entreprise de télévision est considéré comme le directeur de la publication, c'est lui qui passe devant les tribunaux, décrypte Hervé Bourges, ancien président de TF1. Décrypter au lieu d'expliquer : ces néo-rédacteurs enflent, boursouflent et ampoulent leur langage. Et laisser décrypter l'actualité à des menteurs professionnels, cela n'est-il pas dangereux ? Et puis aussi cet exemple, pris dans un blogue : Les récentes élections en Italie sont tout à fait passionnantes à décrypter (comprendre, analyser, commenter).

A titre d'exemple supplémentaire, ces deux phrases à la suite l'une de l'autre, extraites du figaro point fr :

1. Un ancien policier du Raid et un psychiatre décryptent pour Le Figaro le contexte des négociations en cours avec le suspect des fusillades de Toulouse et de Montauban.

2. Un ancien policier du Raid explique les techniques employées par les négociateurs.

D'où il apparaît que décrypter = expliquer. Ce qui n'est pas du tout la même chose.


Traduction : « Notre équipe d'investigation décrypte pour vous l'actualité »

Titre d'un article dans l'excellent Yaourt! : Petit guide pour comprendre pourquoi les politiques appellent les journalistes par leurs nom et prénom. Décryptage. Noter le substantif orphelin décryptage, typique des chapeaux d'article. Ou encore ce titre d'article : Des psychiatres décryptent les stars (on s'en fout totalement). Autre exemple : Découverte dans la Nouvelle Star, la chanteuse vient de sortir son premier album, ''Première Phalange''. Décryptage par l'intéressée. A noter la manie exaspérante d'employer le mot album à la place du mot disque. Ces gens-là n'écrivent pas ni ne dessinent pas (pour un album) ; ils ne chantent même pas : ils braillent.


Décryptage = explications

Il semble aussi que les mots décrypter, décryptage soient utilisés à toutes les sauces. Ce doit faire 'savant' : Décryptez (comprenez, sachez) le fonctionnement du corps, proclame une pub. Ou bien : « Après l'amerrissage (sic : l'Airbus s'est posé sur l'Hudson, qui est une rivière) miraculeux d'un Airbus à New York, une armée d'enquêteurs décrypte (analyse, cherche à comprendre) les causes de l'accident ». Ou bien, ce titre d'article, assez représentatif de cette mode stupide : Les 10 aliments préférés de vos enfants décryptés, avec cet inter-titre : Comment décrypter les étiquettes ? Rebelote : Peau et lèvres: décryptez (découvrez) les signes de bonne santé. Et comme le ridicule ne tue plus depuis longtemps, loteur gratifie le lecteur de cette phrase lue sur une chronique sportive : Notre consultant Cédric Vasseur revient sur le contre-la-montre par équipe de Nice, rend hommage à la formation Orica et à Alberto Contador, puis décrypte la cinquième étape reliant Cagnes-sur-Mer à Marseille mercredi. Voilà, on décrypte les étapes du Tour de France, dont le sens profond est sans doute caché sous les aiguilles à E.P.O. ou sous les pilules d'A.I.C.A.R.

appel : le décryptage restitue en clair un texte auparavant crypté par un procédé consistant à rendre un texte délibérément incompréhensible, illisible ou mystérieux. Du grec κρυπτός (cryptos) : caché. Les infos présentés par les journalistes de la french TV ne sont ni cryptées, ni décryptées, mais tout simplement présentées, et parfois commentées, décortiquées, disséquées ou analysées. Encore une fois, abus de langage.

Il y a aussi une tendance à remplacer décrypter par décoder (on cherche toujours ce qui se tient derrière les faits !) : Les images nous montrent des grandes foules, mais tout est relatif. Décodages en images. Ou cet autre exemple : Décodage : L'Iran est prêt à négocier avec tous les pays à l'exception d'Israël. Les journalistes de la french TV passent apparemment leur temps à décoder et à décrypter. Ce doivent être des spécialistes du chiffre (tiens ! au fait. Pourquoi ne déchiffrent-ils pas l'actualité?)

Le mot décryptage peut aussi être employé de façon plus normale et correcte : En mai 2010, les travaux du biologiste Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck, en Allemagne, avaient donné l'ampleur des nouvelles perspectives possibles grâce au décryptage de l'ADN (Le Figaro point fr, 06.09.2013).

P.S. 1 qui n'a rien à voir : il existe en France une chaîne de télévision cryptée. Le décryptage dans ce cas-là consiste à rendre en clair, au moyen d'un appareil spécial appelé décodeur – et non décrypteur, des images volontairement brouillées. Donc, plutôt que cryptées les images sont codées ou brouillées.

P.S. 2 qui a quelque chose à voir : une des méthodes les plus simples et plus connues d'« encryptage » (encryption) est le rébus, où on remplace des mots ou des lettres par des dessins.

Étymologie : décrypter, composé du préfixe dé- + grec κρυπτός (kryptos) : caché. De κρυπτός viennent en français crypte, cryptogame, cryptorchidie, etc.

Dédier (idiotisme anglo-saxon) : terme passe-partout signifiant : affecter à, allouer à, assigner à, consacrer à, destiner à, réserver à, utiliser pour, vouer à, être dévolu à (ce ne sont pas les verbes qui manquent). On ne dédie donc plus un livre, une œuvre à quelqu'un ou à une muse inspiratrice, on ne dédie plus un temple à un dieu ; mais un appareil informatique est maintenant dédié (affecté) à telle ou telle tâche : Cet ordinateur est dédié à internet, cette pièce est dédiée à l'informatique. C'est une importation frauduleuse de l'anglo-saxon 'to dedicate'. Ce terme a maintenant gagné tous les milieux : un wagon dédié (affecté) aux fumeurs, une émission de télévision dédiée (consacrée) à la musique. La Poste n'est pas en reste : Ce guichet est dédié (réservé) aux professionnels. Et même les pubs pornos parlent d'« espace dédié au plaisir »... la prostitution sacrée, sans doute.

Autres exemples, pêchés dans la presse d'internet : Au total, 2.200 mètres carrés où doivent se serrer la centaine de salariés du PS et les "extras" entièrement dédiés (affectés) à la tâche élyséenne. Ou bien : Les co-fondateurs, ont décidé, en l'an 2000, de créer un société dédiée (consacrée) aux technologies langagières. Ou encore : Il faut faire à gauche ce que Sarkozy a réussi à droite : monter un grand parti dédié (voué) à son chef. L'auteur a même trouvé dans une note de service : Veuillez venir avec votre responsable dédié (attitré). Un article annonce : Les heures libérées le samedi matin seront dédiées (consacrées) « aux 15% d'élèves qui sont en très grande difficulté scolaire », a ajouté le ministre (communiqué d'un organe de presse, avec le rejet du verbe à la fin de la phrase, procédé typique des media anglo-saxons. Et les « élèves en très grande difficulté scolaire » sont tout simplement des cancres irrécupérables). Autre exemple, avec dédié en emploi absolu : Un site Internet dédié permettra au public et à l'ensemble des parties prenantes de suivre les travaux de la mission et d'y contribuer. « Un site internet dédié » doit être un site internet spécial, un site internet spécialement consacré ou affecté (pour suivre les travaux de la commission). Et puis encore, cet exemple : Mondial Relay propose par exemple l’offre C pourToi dédiée (offerte, proposée, réservée) aux particuliers. Et cet exemple, dû à une mauvaise traduction, sans doute : «Je ne peux pas croire qu'un honnête secrétaire du Parti, personnage pleinement dédié (dévoué ?) au service du peuple, puisse se réfugier dans un pays capitaliste corrompu, sans foi ni loi et plein de violence», avance avec une ironie mordante un anonyme sur le site sina.com. Ou encore cet exemple : 50 gagnants seront récompensés : 40 agents du service commercial trains (ASCT) [...] et dix groupes de contrôle renforcé (GCR, les équipes dédiées [affectées] au contrôle à bord). Les verbes de la néo-langue se rendent par une multitude synonymes.

Étymologie : la racine de dédier est ‘deus’ : dieu. Dédier, c'est consacrer à un dieu. On désacralise d'une part, on utilise le vocabulaire religieux d'autre part. Paradoxe étonnant de la néo-langue.

Défaillance : phrase prononcée par un journaliste particulièrement inspiré ce jour-là : Les organes vitaux rentrent en défaillance. La cervelle du journaliste est, elle aussi et depuis longtemps, entrée en défaillance.

Étymologie : même racine que défaut : manque.

Défatiguer (néo-verbe) : défatiguer, c'est enlever, dissiper la fatigue, c'est-à-dire reposer. Comment défatiguer ma peau (titre d'un article de Marie-France point fr). Comment défatiguer mes pieds (titre d'un article de Cosmopolitan point fr). Pour défatiguer votre regard, utilisez un correcteur clair, lumineux et longue tenue, afin de faire disparaître toute zone bleutée sous l'œil (Journal des femmes point com). Dans ce dernier exemple, bizarrement, l'idée n'est pas de reposer l'œil, mais de maquiller afin de faire disparaître les cernes. Quoiqu'il en soit, le verbe défatiguer suggère qu'on enlève la fatigue d'une façon ou d'une autre, en s'appuyant sur le fait que le préfixe dé- (ou dés-) indique le contraire de l'action indiquée par le verbe de base. C'est un procédé pour composer des momoches, typique de la néo-langue : le contraire d'une action est indiquée par le verbe de base auquel on adjoint un préfixe niant ou annulant cette action : construire / déconstruire, incarcérer / désincarcérer, publier / dépublier, gueuler / dégueuler [arrêter de gueuler], etc.

Étymologie : formé du préfixe dé- + fatiguer. Fatiguer, d'un radical fat/fas = lasser, + iguer, représentant agere : pousser. En latin, il existe bien un verbe defatigare, qui veut dire ... lasser, épuiser, c'est-à-dire exactement le contraire du néo-verbe français défatiguer. Le préfixe de- est ici un augmentatif. Voir cette rubrique.

Défavorisé : ce terme signifie un pauvre, un crève-la-faim. Va de pair avec exclu (voir ce mot). Les quartiers défavorisés (les quartiers pauvres). Cela répond à la manie agaçante des néo-crétins d'édulcorer les mots et les idées.

Étymologie : préfixe privatif dé- + favoriser, venant de faveur. Latin classique favor.

Défectuosité : ce mot signifie souvent simplement défaut, défaut technique. «En l'état, deux hypothèses demeurent: la cause technique liée à une défectuosité du véhicule (et) la cause humaine consécutive à une erreur ou à une inattention» (les guillemets et les deux-points accolés au texte sont dans le texte original). Ou bien « Le gouvernement japonais a demandé à la compagnie californienne de trouver la cause de la défectuosité technique. » Mais l'auteur a trouvé dans la même phrase : « La garantie couvre les défauts techniques ou défectuosités dues à des défauts de fabrication ». Défaut ou défectuosité ? Défectuosité est-il pris dans le sens de mauvais fonctionnement ou de conditions défectueuses ? Il faut en tout cas remarquer : “ les défauts techniques ou défectuosités dues à des défauts de fabrication ”. On se demande où le triste sire qui a pondu l'article a bien pu apprendre le français.

Voir Acceptabilité, Durabilité, Employabilité, Faisabilité, Infectuosité, Payabilité, Pénibilité, Utilisabilité, Vérifiabilité (etc.)

Étymologie : même racine que défaut.

Défenseure (barbarisme) : C'est nouveau, ça vient de sortir. Les partisans de la féminisation des termes n'en sont plus à un barbarisme près. Citation trouvée sur Audio-Fanzine point com : « La Défenseure des Enfants, Dominique Versini, veut faire interdire les châtiments corporels en France, dont la fessée ». Les majuscules intempestives sont dans le texte. Voilà qui mérite une bonne fessée. En droit, on connaît le terme « défenderesse », – mais ce n'est pas plus élégant.

Étymologie : forme féminisée de défenseur, fait sur le supin defensum du verbe defendere : défendre, venant du préfixe de + fendere : pousser.

Déficient visuel : cuistrerie de langage. Un déficient visuel, c'est quelqu'un qui a une mauvaise vue, qui a des problèmes plus ou moins graves de vue. Cela va de la myopie à la cécité. On parle aussi de malvoyance (mauvaise vue ne suffit pas ?). Malvoyance est un terme particulièrement malheureux, car il fait penser à la voyance et à ses boules de cristal.

En face des déficients visuels, il y a les déficients auditifs (sourds, durs d'oreille). L'on trouve aussi les déficients sexuels ou impuissants. Il y a enfin les déficients cérébraux, ou néo-crétins.

Étymologie : déficient, même racine que défaut. Visuel, du verbe latin video, visum, videre : voir. Du supin visum viennent visuel, viser, viseur, vision etc.

Déficit (néo-crétinisme) : remplace de plus en plus les mots 'manque', 'carence' ou 'défaut' dans différentes acceptions, le plus souvent aberrantes : déficit de neige (sic) pour dire qu'il n'y a pas assez de neige ; déficit de connaissance (sic) pour dire ignorance crasse ; Que se passe-t-il lorsque nous sommes en déficit informationnel ? (manquons d'information ?) Et comment comprendre cette phrase en néo-charabia : « Dans les deux cas, les deux jeunesses vivent un déficit de citoyenneté » ? (il s'agit d'une allusion aux émeutes de 2005 en France, et à la révolution tunisienne de 2011). Le vocabulaire novlangais présente un sérieux déficit de précision.

appel : en français normal, le mot déficit appartient surtout au vocabulaire de la banque, de la finance, de l'économie et signifie 'pertes qui peuvent être imputées sur les bénéfices' : déficit de la balance commerciale.

Adjectif : déficitaire. «Déjà déficitaire en décembre 2012, l’ensoleillement dans un large quart nord-est a été exceptionnellement faible en janvier, puis est resté inférieur à la moyenne jusqu’à la fin de l’hiver», indique Météo-France. Écrire « déficitaire » au lieu de manquant, absent, défaillant, rare, ça classe. Et Météo-France, cité par libé point fr continue : Sur les trois derniers mois (décembre, janvier, février), «l’ensoleillement présente dans cette région un déficit de 20 à 40%, pouvant atteindre localement 50%». Déficit, ici = perte. Les signes «, » et % accolés aux mots et aux nombres sont dans l'original.

Étymologie : voir rubrique précédente.

Définitivement (anglicisme rampant) : "entendu à la télé" : C'était définitivement une blessure au cou (NT1, Enquêtes impossibles). Autre exemple, sur France-5, cette fois, à propos d'une émission sur les pyramides : Ceci est une rampe, définitivement. Ineptie de traducteur, qui emploie définitivement au lieu de : sans aucun doute, incontestablement, indubitablement, indéniablement, vraiment... Encore un exemple, puisé dans l'actualité : Plutôt Jesse Owens ou Carl Lewis ? – "Définitivement, Jesse Owens. C'était un très grand qui a fait beaucoup pour son pays. Pendant des années, il n'a pas perdu la moindre course. Donc Jesse Owens sans hésiter" (eurosport). Remarquer que l'adverbe définitivement est confirmé en fin de phrase par « sans hésiter ». Encore un exemple : Plus l'œuf attend son tour pour être dégusté, plus la quantité d'air augmente. S'il flotte, c'est qu'il est définitivement trop tard...

Calque de l'anglais definitely [defɪnɪtlɪ] : sans aucun doute. Les néo-rédacteurs et les traducteurs de dialogues de séries B ou de documentaires devraient être virés – définitivement.

appel : définitivement en français signifie : d'une manière définitive, irrémédiablement, irrévocablement, pour de bon, une fois pour toutes. L'adjectif définitif voulant lui-même dire : qui est fixé une fois pour toutes, qui ne change pas.

Étymologie : du latin definitivus, venant de definio, definitum, definire : délimiter, border, définir, déterminer. Racine finis : limite, borne, fin. A donné fin, finir, définir en français ; finish, to define en anglais etc.

Déflagration. Ne pas confondre déflagration et explosion. Déflagration : combustion vive et rapide qui se propage dans une substance combustible ; exemple : moteur à essence. La vitesse est inférieure à la vitesse du son. Explosion : fait d'éclater bruyamment, avec éjection de gaz et/ou de matière, provoquant une onde de choc. La vitesse est supérieure à celle du son. Lu dans le même article : La déflagration, qui s'est produite le matin à l'heure de pointe, a probablement été provoquée par un engin explosif d'un kilogrammes (sic) | et quelques lignes plus loin | L'agence Interfax a indiqué que huit personnes avaient été tué (sic) et 56 autres blessées dans l'explosion.

Étymologie : du latin deflagratio, de deflagrare : brûler entièrement, se consumer. Même racine que flagrant, flamme.

Explosion, du latin ex-plaudo (explodo), explausum, explaudere : chasser, rejeter des mains, battre des mains. Plaudo (plodo), plausum, plaudere : battre, frapper, applaudir. Cf. en français le verbe applaudir.

Défrancisation : ce glossaire tout entier tourne autour de la défrancisation, fléau du XXIe siècle. L'on en remarque les effets les plus visibles sur le plan du langage, où nous assistons, impuissants, à l'invasion de l'anglais ou plutôt du globish, allié avec une perte de plus en plus grande de maîtrise grammaticale. Ceci est surtout évident :

1. à la french TV, où journalistes et animateurs utilisent un grand nombre de termes en globish mélangés à des mots de la néo-langue, mots dénaturés, au sens flou, imprécis, ce qui aboutit à un charabia permanent ;

2. dans les réclames (publicités), où la part belle est faite au globish, certaines réclames étant même entièrement en anglo-américain de base, avec un maigre sous-titrage en français ;

3. dans les variétés ou chansons et musiques diverses qui, avant le XXIe siècle, étaient en majorité en français. La chanson moderne ? Des paroles incompréhensibles plaquées sur des bruits insupportables. Il n'y plus aucun sens dans les chansons. Quant à ce qu'on appelle le rap, les paroles qu'on arrive à comprendre ne sont que des mots de haine crachés sur des rythmes épouvantables. Le pire, c'est que cette musique s'infiltre partout : radios, télévisions, centres commerciaux, parkings etc. Paroles incompréhensibles + musique à vomir, on conditionne les citoyens pour la laideur.

4. dans nombre de professions techniques, ou économiques, qui obligent les personnes à lire ou parler globish. Un grand nombre de termes techniques ne sont plus traduits, mais simplement adoptés tels quels. Il en est de même des titres de films qui débarquent en France, comme les Étazuniens à la fin de la Guerre 1939-1945, considérant les pays « libérés » comme tout autant de territoires conquis.

Ça, c'est pour la langue, c'est le péril anglo-saxon. La population de la France s'est elle aussi défrancisée : 15 % minimum de populations d'origine non-européenne en France depuis les années 1980, apportant leurs coutumes, leur façon de s'habiller, de manger, et de parler bien sûr. Loteur, on l'aura compris, est très réticent envers le mélange de populations et envers le métissage

Dégage ! : depuis la révolution populaire de 2011 en Tunisie qui a chassé le colonel Ben Ali du pouvoir aux cris de Ben Ali, dégage !, cet impératif a été employé pour traduire une volonté d'éliminer ou de chasser un tyran, une personnalité politique trop autoritaire et ce, même en dehors d'un pays arabe. C'est ainsi qu'un journaliste d'A2 a élégamment traduit l'opposition des jeunes chanteuses russes 'Pussy riot' () à Vladimir Poutine, par cette phrase : . [...] les jeunes chanteuses ont fait des prières satiriques à la Vierge Marie pour que Poutine dégage (A2, Télématin du 17.08.2012). Et puis, on emploie maintenant le verbe dégager pour dire éliminer, évincer, exclure : Jérémy Ferrari : « Je me suis fait dégager du Téléthon », titre Voici point fr.

() Pussy riot : la 'révolte des chattes'

Le verbe dégager peut prendre, dans la bouche des jeunes générations, un sens spécial, que loteur n'a pu préciser, comme dans cette phrase trouvée sur le boulevard « Au hasard du net » : Il [A. Manoukian] déclare à propos de la chroniqueuse du Grand 8 : « C'est la plus psycho-érotique ! Elle dégage grave et elle a une tête bien faite ». « Elle dégage grave » = elle a un charme fou ? Et que signifie l'expression « psycho-érotique » ? Est-ce une création personnelle du locuteur ?

Étymologie : dégager, littéralement enlever ce qu'on a laissé en gage. Composé du préfixe dé- (hors de) + gage, du francique *waddi : gage ; néerlandais wedde (même sens) ; ancien haut allemand wetti : gage, amende ; allemand Wette : pari, gageure.

Déglutir, déglutition : un joli mannequin à la robe dégrafée ; un homme l'approche, va l'embrasser. Le joli mannequin s'esquive et va boire une bouteille d'eau gazéifiée et aromatisée en émettant de fort vilains bruits de déglutition. L'on ne sait quel génie « créatif » (publicitaire) a imaginé cette réclame aussi peu ragoûtante, mais si la présence de substances chimiques ne suffisait pas à se détourner de cette boisson, les bruits de déglutition de la jolie demoiselle achèvent de le faire (). Voir Crier, Éternuer, Péter. La nouvelle réclame pour cette boisson ne brille pas non plus par sa « créativité », en présentant un mannequin ridiculement attifé et maquillé, et jactant en globish.

() Cette marque au nom imprononçable (Schweppes : quatre consonnes pour une voyelle) s'obstine à faire des réclames entièrement en globish, ce qui devrait constituer un argument de plus pour la rejeter.

Étymologie : du latin deglutitio, venant du verbe deglutire : avaler, formé du préfixe de + glutire : avaler. Même racine que glouton. Du grec
γλωττίς (glôttis), forme attique de γλωσσίς (glôssis) : glotte ou luette. Venant de γλω̃σσα (glôssa) : langue.

Dégradation : une des manies des présentateurs du bulletin météo de la french TV est d'employer le mot dégradation au lieu de perturbation ou de détérioration quand il s'agit de conditions atmosphériques. Pour les présentateurs en question, quand ils parlent de dégradation, c'est que le temps va passer de beau à moins beau, avec tout ce que cela implique : nuages, pluies, orages, etc. La météo restera belle au Nord, mais on prévoit des dégradations dans le Sud. Dégradation est ici pris dans le sens de détérioration.

Verbe : dégrader. Le temps peut ainsi se dégrader, c'est-à-dire être moins beau. Dégrader, c'est aussi abaisser une note financière ou bancaire, qui concerne la santé économique d'une banque ou d'un état. Titres repérés au radar sur l'excellent Yaourt! : Standard & Poor's dégrade l'Italie d'un cran ; L'Italie dégradée d'un cran. C'est dégradant ! On remarquera que des « agences de notation  » — de simples particuliers, donc — se permettent de classer ou de juger de grandes banques ou des états. Selon quels critères ? C'est là toute la question. Ces agences de notation agissent directement ou indirectement sur les Bourses internationales, et font bander ou débander les porteurs d'actions. Leur action est d'autant plus dangereuse qu'elles peuvent se tromper, par jeu ou incompétence, comme par exemple le 10 novembre 2011, où Standard & Poor (encore lui) a « par erreur » dégradé le triple A de la France. Voir Notation.

Le verbe dégrader sert aussi dans de nombreuses phrases pour exprimer l'abaissement, la diminution, la réduction, la régression, le recul, la détérioration (quantité ou qualité). OCDE : L'école française s'est nettement dégradée en 10 ans (divers sites). L'O.C.D.E. est un organisme de propagande pro-libérale, et à ce titre ses conclusions et rapports ne peuvent être que suspects. Autre exemple, entendu à la télé : Le crâne était trop dégradé pour qu'un labo puisse en tirer des renseignements. L'état du crâne, peut-être ? Un autre emploi du verbe dégrader a été lu sur un article d'Atlantico point fr : Une visiteuse du musée a dégradé le célèbre tableau d'Eugène Delacroix "La Liberté guidant le peuple". Dégradé = abîmé, détérioré, endommagé ?

Étymologie : dégrader signifie destituer, enlever le grade (milit.), rabaisser, humilier, détériorer. Le mot dégrader, au départ, est très fort en français. C'est ainsi qu'on a dégradé publiquement le capitaine Dreyfus, chose humiliante pour lui. Latin gradus : pas, degré, rang ; degrado, dégradare (de-gradare) : priver de son rang, de son grade. Peut-être que les mots abaissement, baisse, détérioration, diminution sont trop difficiles à prononcer ou à mémoriser.

Déjanté : excentrique, à côté de ses pompes, anormal, fou, « ouf ». Ce type-là, il se shoote trop, il est complètement déjanté. Ou bien cette réclame avec une allusion particulièrement fine : Pneus : des prix déjantés pour préparer les trajets des vacances !

NB : quand on parle de « ptidéj », il ne s'agit pas d'un enfant déjanté, mais d'un petit déjeuner. Mais beaucoup de petits déjeuners sont déjantés en raison de toutes les saletés qu'ils contiennent.

Étymologie : déjanté, de jante, qui semble dériver d'une racine *came signifiant courbe.

Déjouer : déjouer veut normalement dire : mettre en défaut ou en échec, faire échouer. Mais les rédacteurs de l'agence Néo-crétins & Associés utilisent ce verbe dans un sens nouveau, et qui est : mal jouer, faire exprès de mal jouer. Clairement, à la vue des images, et comparativement au niveau qu’elles sont censées avoir, les paires ciblées ont nettement déjoué (services dans le filet, coups trop longs ou en dehors des lignes, aucun échange de plus de quatre coups entre les Chinoises et les Sud-Coréennes ) (Le Figaro point fr, 01.08.2012).

Étymologie : composé de dé-, préfixe au sens négatif, et de jouer, du latin jocor, jocari : jouer. Voir Surjouer.

Délinquant, délinquance : il y a, statistiquement, des relations entre la délinquance et le sexe (la plupart des délinquants sont des hommes), la délinquance et l'intelligence (la plupart des délinquants ont un Q.I. inférieur à 100), et la délinquance et l'âge (la plupart des délinquants ont moins de quarante ans). Il y a d'autres statistiques sur la délinquance, en rapport avec le milieu social ou la provenance ethnique des individus. Mais ces statistiques, démocratiquement, sont la plupart du temps interdites. Voir Jeunes.

Verbe : délinquer. Ça délinque grave dans le 9-3.

Étymologie : du verbe latin delinquo, delictum, delinquere, qui veut dire faire défaut, manquer, faillir, commettre une faute, composé du préfixe de, et de linquere : laisser. Venant du grec
λείπω (leipo) : laisser, quitter, d'une racine indo-européenne *leik, signifiant laisser. Délinquer, c'est littéralement délaisser (le droit chemin). Le supin delictum a donné les mots délit, délictueux. Cf. le vieux verbe délinquer (commettre un délit).

Délocaliser, Délocalisation : fait d'implanter une filiale, un centre de production, une usine hors du territoire national pour abaisser le coût des charges. Il s'agit en fait de fermeture d'usines en France et d'une désindustrialisation, facteur de chômage et de misère. A l'inverse, les populations locales touchées par ce phénomène ne s'en trouvent pas spécialement enrichies, les ouvriers étant surexploités et sous-payés. De plus il y a des souvent des problèmes concernant la qualité des produits. Les délocalisations constituent un des faits essentiels de la mondialisation, c'est-à-dire du néo-crétinisme. Pourrait être traduit plus simplement par déplacement, transfert… On râle contre les délocalisations, mais on se jette sur des produits made in China (anglicisme, prononcer : merde in Tchaïna) très bon marché - où est la logique ? Voir Externaliser, Offshore.


Étymologie : formé du préfixe dé- + local ; délocaliser, c'est normalement enlever le caractère local. Mot apparu au XIXe siècle. Local, du latin locus, qui a donné lieu.

Démagogie : « art de conduire les gogos ». Un des moyens les plus efficaces qu'aient conçu les gouvernements, de gauche ou de droite, pour endormir les citoyens. Tel ministre ira voir un pompier, blessé au cours d'une intervention. Tel autre fera semblant de s'attrister sur le sort de militaires blessés ou tués lors d'opérations militaires en pays étranger. Un troisième ira voir la famille d'un enfant enlevé ou tombé d'un ascenseur... Rien n'est trop beau pour flatter l'électorat. Plus l'affaire est du ressort du fait divers, plus le ministre tiendra à marquer l'événement de sa présence. On noie le citoyen dans l'irrationnel et l'émotionnel, et prière de s'associer à l'émotion ambiante ! Voir Démocratie.

Exemple flagrant de démagogie, puisé dans la presse sur internet : En Allemagne pour célébrer le cinquantenaire de l'amitié franco-allemande, le président François H. a confié à son cabinet le soin de téléphoner à la famille du policier tué pour lui exprimer son soutien et ses condoléances (François H. est un ancien haut personnage de l'État).

Cette démagogie s'applique même à l'échelle internationale, et fait partie des exercices obligés quand un malheur frappe un pays étranger : Du monde entier, ont afflué les messages de compassion, du président russe Vladimir Poutine à la reine Elizabeth d'Angleterre. Le président français François Hollande a adressé un message à M. Obama pour lui dire son "émotion" et sa "consternation" dans un moment "si douloureux pour les Etats-Unis" (à propos de la tuerie du Connecticut, déc. 2012). Le chef de l'État est ému et consterné ; ce serait mieux qu'il le soit devant la situation de misère de beaucoup de Français. Noter d'autre part la graphie Elizabeth au lieu d'Elisabeth, et les guillemets étazuniens "..." au lieu des guillemets français : manie de néo-rédacteur.

Étymologie : du grec
δημαγωγός (démagôgos) : qui conduit le peuple, qui capte la faveur du peuple. Composé de δη̃μος (démos) : le peuple, et αγωγός (agôgos) : qui conduit, qui guide. Remarquer que dans le mot grec, on trouve gogos (démagogos) ; les démagogues ont souvent affaire à des gogos.

Demandeur d'emploi : La France, c'est officiel, n'a plus de chômeurs. Elle n'a que des demandeurs d'emploi : ils sont en demande, certes, mais le mot emploi figure en toutes lettres. Si donc y'a emploi, y'a pas chômage. CQFD. Mais peut-être qu'il y a des demandeurs d'emploi au chômage ? That is the question.

NB. On peut aussi trouver la périphrase en recherche d'emploi pour désigner un chômeur. On a également remplacé le mot chômeur par le mot emploi, et le tour est joué. L'État prend vraiment les Français pour des cons citoyens irresponsables, et en cela il ne chôme jamais.

Dernier tour de passe-passe linguistique, l'A.N.P.E. (la fameuse Agence pour l'Emploi) est devenue le Pôle emploi, faisant un peu penser à « plein emploi ». Dans les deux cas, on trouve le mot emploi, au lieu de chômage (bureau de chômage). Les fonctionnaires, ou le jeu de bonneteau linguistique.

Étymologie : demandeur, du verbe demander, du latin demando, demandare : confier, remettre. Demander, c'est remettre quelque chose à quelqu'un, puis formuler une demande.

Emploi, employer, du latin im-plicare : plier, ployer. Employer (implicare), c'est 'plier dans'. A donné aussi le verbe impliquer.

Démarrer : dans le langage informatique, ce verbe est devenu transitif, au sens de lancer, commencer. Démarrer un programme, démarrer le test, démarrer l'Explorateur Internet. L'emploi de démarrer dans le sens de 'commencer' est, lui, un paléo-crétinisme entré depuis longtemps dans les mœurs des rédacteurs : Comment bien démarrer la méthode Weight Watchers ? Ou bien : Avant de nous faire rentrer dans son salon à Ellingham Hall et de démarrer nos deux heures de discussion, Julian nous a fouillé (sic).

Toujours chez les informaticiens, il faut cliquer sur le bouton Démarrer pour arrêter l'ordinateur ; absurdité du système Micromou, qui n'en est pas à une stupidité près.


La prose impeccable de Windaube...

Étymologie : démarrer, c'est littéralement détacher, rompre les amarres. Puis mettre en mouvement. Verbe intransitif depuis le XVIe siècle. Du néerlandais maaren : amarrer.

Dématérialisé (néo-crétinisme technique et administratif) : virtuel ? non-matériel ? informatique ? informatisé ? électronique ? numérique ? numérisé ? Selon le Parisien, ces amendes dématérialisées ont avant tout pour but d'accélérer le traitement des amendes (Forum de Secret story point com, 04.05.2011). 'Accélérer leur traitement' serait plus léger, peut-être... Pourquoi ne pas dire tout simplement amendes 'informatisées' ou 'électroniques' ? Loteur aimerait bien que les PV soient effectivement dématérialisés (volatilisés, détruits) de cette manière. Autre emploi de dématérialisé, ou cet adjectif néo-crétin signifie apparemment 'numérisé' : Quand on achète un fichier dématérialisé sur iTunes, contrairement à ce que l'on pourrait penser, on n'en est pas propriétaire (L'Express point fr, 03.09.2012). Cette formulation stupide pourrait faire croire que le fichier n'existe plus. En tout cas, une nouvelle morale commerciale est née : ce que vous payez en informatique ne vous appartient pas. Autre exemple, très parlant : Mais aujourd'hui, alors qu'il fête ses 30 ans, le CD est aussi confronté à la concurrence de la musique dématérialisé (sic) : un ennemi du format comme le CD l'avait été pour le vinyl en son temps (Charts in France point net, 01.10.2012). Et puis, comment peut-on acheter ou écouter quelque chose de dématérialisé ? Illogisme habituel dû aux néo-crétins branchés.

Dématérialisé se dit également d'un service où l'on supprime des emplois normalement tenus pas des êtres humains, pour les remplacer par des robots (vocaux ou autres) : service dématérialisé.

Substantif : dématérialisation. La professionnalisation des achats passe par une dématérialisation des processus achat qui permet de substituer les opérations papier par des documents ou procédures numériques. La dématérialisation apporte une sécurité accrue des transactions associée à une traçabilité totale des échanges avec les fournisseurs (site du ministère de l'Économie et des Finances : Économie point gouv point fr). Il est à remarquer que dématérialiser les processus d'achat est un signe de professionalisme, et surtout permet la traçabilité (le suivi, le repérage, le flicage) des échanges. Noter le défaut de construction : « qui permet de substituer les opérations papier par des documents ou procédures ... » = qui permet de substituer aux opérations papier des documents ... Le verbe substituer a été fautivement utilisé au lieu du verbe remplacer.

emarque 1 : la prétendue dématérialisation par l'utilisation abusive de l'informatique exige paradoxalement une masse effroyable de matériaux (métaux et matière plastique pour les ordinateurs et les câbles, papier pour les documents-papier, électricité pour faire fonctionner le tout), ce qui nuit gravement à la nature... Où est la logique, m'sieurs-dames du gouvernement ?

emarque 2 : au-delà du simple abus de langage (dématérialiser = rendre virtuel), ce procédé est inquiétant car il semble indiquer que l'on s'avance gaiement vers une société dématérialisée, où les êtres humains ne seront que des avatars (au sens N° 5), sans personnalité ni épaisseur humaine.

Étymologie : dématérialiser veut normalement dire : supprimer l'existence matérielle, ôter à quelque chose son caractère matériel. Dématérialiser, composé du préfixe privatif dé- + matière, qui vient du latin materia (Cf. De materia rerum, de Lucrèce). D'une racine indo-européenne qui a donné mater (mère en latin), matière, madera (bois en espagnol), etc.

Démentir (néo-crétinisme) : c'est contredire quelqu'un en affirmant que ses paroles sont mensongères ou erronées, mais ce verbe est souvent utilisé dans le sens de nier, voire mentir. Exemple : Les rumeurs faisaient état de ses vacances [d'A. Philippetti] sur l’île Maurice. Qui est un peu plus éloignée que les deux heures en avion préconisées (par le président de la République). [...] Son cabinet a alors immédiatement démenti. En l'occurence, les informations étaient exactes, c'est-à-dire ni mensongères ni erronées. Le cabinet nia donc l'évidence, c'est-à-dire qu'il mentit délibérément. Il n'a donc pas démenti, mais menti. Mais, comme on l'a maintes fois signalé, la néo-langue inverse souvent, voire toujours, le sens des mots. Autre exemple : Miettes de pain : Démenti formel de l'Elysée. L'Elysée "dément" avoir déposé plainte contre les retraités. M.Carton a expliqué aux journalistes que les R.Généraux l'avaient contactés (sic) pour l'informer d'une plainte de l'Elysée. Il a aussi affirmé que son interrogatoire avait duré 1h 30 (à propos du retraité qui avait mis quelques miettes de pain dans une lettre adressée au président de la République). Par prudence, le journaliste du Midi Libre a entouré le verbe démentir de jolis guillemets.

Quand un cabinet ou un organisme officiel démentent – c'est-à-dire nient – un fait, on dit qu'ils opposent un démenti, souvent suivi de l'adjectif formel. Exemple : Le Groupe Lagardère oppose un démenti formel aux allégations du journal Challenges à paraître demain concernant les modalités et les conditions de départ de Noël Forgeard du Groupe EADS. Opposer un « démenti informel » serait en effet loufoque, mais bien dans la logique hypocrite de ces organismes.

Étymologie : préfixe dé-, indiquant une action contraire + verbe mentir. La racine de mentir est mens : intelligence, imagination. Savoir mentir est un acte d'intelligence ou d'imagination. Nos cabinets ou organismes officiels ont, sinon de l'intelligence, du moins de l'imagination.

Demies (barbarisme) : lu sur l'excellent Yaourt! ce titre étonnant : Les Bleus sont en demies. Loteur s'est demandé ce qu'étaient ces demies. Une marque de vêtements ? de chaussures ? Non, il ne s'agit simplement que de demi-finale. Pourquoi alors le pluriel ? Doit-on disputer plusieurs demi-finales ? Les rédacteurs d'article sur internet n'ont pas leur pareil pour pondre des inepties. Mais peut-être que cela s'écrit dans le milieu du sport (milieu éminemment intellectuel) ?

Étymologie : demi, venant du latin dimidius, composé du préfixe di : deux, et de medius : moyen.

Démissionner : fait partie de ces verbes devenus actifs : démissionner quelqu'un : le forcer à démissionner, le démettre de ses fonctions. Comment Valls a « démissionné » Thévenoud, titre l'excellent 'Le Monde' du 05.09.2014. A signaler que de nombreux journalistes et rédacteurs ont parlé de démission à propos du renoncement (“ renonciation ”) du pape Benoît XVI à sa charge. Pour eux, le pape a démissionné, comme un simple salarié qui file sa dem à son patron (Dieu en l'occurence).

Même remarque pour le verbe ‘suicider’ : suicider quelqu'un : l'assassiner. Il a été un peu suicidé. Un peu seulement ? Voilà qui nous rassure. Au départ les mots suicide, suicider désignent le fait de se tuer (terminaison -cide) soi-même (sui). La forme réfléchie 'se suicider', ici, ne se justifie normalement pas.

Étymologie : du latin missio : envoi, mitto, mittere : envoyer.

Démocratie (néo-crétinisme) : concept dépassé qui constitue un des plus grands mythes de notre époque, ainsi que le suggère un grand « socialiste », Pierre Moscovici, lors d'une émission de Laurent Ruquier (représentant de la démocratie bobo) On n'est pas couché (11.02.2012) : « La démocratie en soi, reconnaissez que c'est un peu gazeux quand même comme concept » (Il faut aussi admirer la rigueur et l'élégance de la formulation). C'est maintenant clair : pour ce grand socialiste et ce grand démocrate qu'est P. Moscovici, la démocratie n'est qu'une flatulence.

La démocratie, « pouvoir ou gouvernement du peuple », avec séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) est un régime politique ou une organisation sociale, où le peuple détient le pouvoir par l'intermédiaire de citoyens élus. Mais ce n'est, soyez-en persuadés, qu'une utopie et le mot démocratie engendre généralement un grand moment de joie et d'hilarité chez nos gouvernants, – qui ont peu souvent l'occasion de s'amuser, tant ils sont occupés à fabriquer de prétendues crises. Le tour de passe-passe à propos du Traité de l'Europe (février 2008) est une preuve tangible de leur bon vouloir démocratique. Ce mot, démocratie, a été totalement vidé de son sens, et ne signifie plus que : vivre à l'occidentale (économie de marché, pression fiscale, tyrannie de la surveillance informatique ...) Par le blabla anesthésiant des responsables politiques et des journalistes, la démocratie n'est plus que la « cratie des mots », le pouvoir des mots, – avant de se muer, peut-être, en cratie des maux.

En contrepartie de ces moments de franche rigolade, le peuple demande aux hommes politiques de faire semblant de partager les mêmes problèmes qu'eux, en signe de solidarité. Tel ministre ira voir un policier blessé, tel autre recevra une famille dont un enfant a été enlevé, un homme politique, pourtant de haut rang, réagira en envoyant un SMS à propos de quelques tarés évoluant balle au pied, qui ont gagné une rencontre de fouteballe. L'on semble oublier que les hommes politiques doivent avoir une vision politique, une vision d'état, et ne pas s'enliser dans le quotidien des citoyens. Mais c'est sans doute trop leur demander. Ils estiment ne pas être assez payés pour ça. Voir Démagogie.

Les media feignent de s'intéresser aux événements politiques qui se passent aux Étazunis par exemple, aux caucus, aux super Thuesdays et autres fariboles, dont le brave peuple français n'a que faire. Mais pour les media, tenus par quelques grands noms du capitalisme et les pouvoirs, il faut bercer les téléspectateurs d'illusions démocratiques.

La démocratie est pensable et réalisable dans un pays moyennement peuplé, où le nombre de citoyens responsables est à son degré optimum. La démocratie ne se conçoit donc que pour des États de taille et de population réduites ou moyennes (anciens États de l'Union dite européenne, par exemple). Mais cette forme politique touche maintenant de vastes états, gouvernables par des méthodes autoritaires voire tyranniques. Comment concevoir la démocratie pour la Chine, l'Inde, la Russie, ou même les États-Unis ou l'Union dite européenne ? Comment surtout concevoir la démocratie pour des états arabes, qui sont soit des royaumes, soit des dictatures, soit des théocraties, – soit les trois en même temps ? (). C'est théoriquement antinomique. Comment enfin concevoir la démocratie dans le cadre de la mondialisation, où l'on parle volontiers de gouvernance – système coercitif dépouillant les individus de leur personnalité ? L'auteur n'est pas un fin politique, mais il a le droit de se poser des questions. On peut encore poser que le concept de « démocratie » signifie pour les Étazunis tout ce qui sert les intérêts des Étazunis – y compris la violence. Exemple de démocratie à l'américaine : après l'admission par vote démocratique de la Palestine à l'U.N.E.S.C.O. les Étazunis, en grands démocrates, suspendent leurs versements (octobre 2011).

() Toute démocratie suppose la séparation des pouvoirs. Si le pouvoir religieux interfère avec le juridique, le législatif ou l'exécutif, c'est une théocratie absolue, ou dictature. Ce que certains de nos excellents amis musulmans n'ont pas l'air d'accepter.


Soyez aimable envers l'Amérique
Sinon nous vous apportons la démocratie

À propos des révolutions tunisienne et égyptienne, et arabes en général (2011) les journalistes de la french TV n'ont que ce mot : « D É M O C R A T I E » à la bouche, ils s'en pourlèchent les babines ; ils attendent l'avènement de la démocratie dans ces pays islamiques, comme d'autres attendent le Messie (premier semestre 2011). On verra ce que ça va donner, mais ce serait étonnant que l'on assiste à un véritable processus démocratique (autre tic langagier chez les journalistes). Le mot démocratie sous-entend en effet prise de conscience politique et sociale, maturité politique et sociale, – choses étonnantes dans des pays fortement islamisés. D'ailleurs, partout où les religions dominent (théocraties), il est vain de parler de démocratie : Dieu ne partage pas avec le peuple, Dieu n'est pas démocrate.

En France, par un curieux détournement du langage, pour les gens de gauche, la démocratie signifie les valeurs de la Gauche. Ce qui signifierait que les gens de droite seraient tous fachos. Mais la Gauche a maintes fois fait la preuve qu'elle maîtrisait la néo-langue (novlangue) et surtout l'hypocrisie.

A signaler un emploi adjectival de démocratie, répandu par les journalistes : La junte militaire au pouvoir au Myanmar (= Birmanie) a violemment réprimé de grandes manifestations pro-démocratie. Pourquoi pas 'pro-démocratiques' ou 'en faveur de la démocratie' ? Ce style semble emprunté aux Anglo-Saxons. Ou alors, nos excellents journalistes ne pratiqueraient-ils pas la novlangue (élimination progressive de tout ce qui paraît inutile, simplification à outrance) ?

Il est une forme différente, voire dégénérée selon les zotorités, de démocratie qui est l'ochlocratie. L'ochlocratie (en grec :
οχλοκρατια (ochlocratia), en latin : ochlocratia), est une forme de gouvernement dans lequel la masse, le peuple a tous les pouvoirs et peut imposer tous ses désirs (Wikipédia). C'est le règne de toutes sortes de violences, de revendications, de débordements difficiles à contenir. Le mouvement des « gilets-jaunes » en est un exemple frappant (à coups de matraque).

Étymologie :  en grec δημοκρατια (dêmocratia), de δημος (dêmos): peuple, et κρατος (kratos) : force, puissance, souveraineté.

Démocratie : la racine indo-européenne de la première partie de ce mot est *dem, dont la signification renvoie vers l'idée de bâtir et donc vers celle de construction, de maison. En grec
δεμο (demô) : construire (une maison), et δεμας (demas) : stature, charpente (du corps). Le radical *dem serait à l'origine du mot δεμς – ποτες (dems-potês), qui a donné δεσποτης (despotês) : le maître de la maison, le despote. Et si la démocratie n'était qu'un despotisme déguisé ?

Quant au degré "o" de la racine, *dom, il a servi à former le mot
δομος (domos) signifiant "construction". De là, les dérivés comme les français domaine, domestique, le russe дом (dom) : maison.

Ochlocratie, du grec οχλος “foule, populace” plus suffixe -
κρατια, du verbe κρατέω “être le maître".


Démocratie de droit divin : forme moderne de démocratie, où le président élu s'arroge des pouvoirs quasi-divins. Ce genre de « démocratie » a été inaugurée par François Mitterrand, surnommé « Dieu ». Au XXIe siècle, un fringant président est, lui, surnommé « Jupiter », dieu qui était au sommet de la hiérarchie des dieux dans la Rome antique. Cela requinque, en tout cas, le sentiment religieux en France, qui vacille sous les coups de boutoir d'une laïcité agressive.

L'ennuyeux, avec cette démocratie de droit divin, c'est son cynisme affiché et son mépris des simples citoyens. Et en ce sens cette démocratie se montre simplement humaine, tout comme les grandes démocraties de par le monde : États-Unis [l'Empire du crime], Chine, Iran, etc.

Démocratie participative (néo-barbarisme) : concept pléonastique à la mode. À notre époque, tout est participatif : débats participatifs, communication participative, participation participative ... et démocratie participative. Une démocratie est par essence participative. Cette expression est internationale, comme en espagnol par exemple : « El Movimiento V República o MVR [...] fundado por Hugo Chávez en 1997 [...] a favor de la democracia participativa ». On peut trouver aussi cet exemple : Grâce à Obama, l'ère de la démocratie participative s'approche (avant Obama, la démocratie n'existait pas aux Étazunis, – où elle n'existe toujours pas d'ailleurs [voir plus haut]). Mais il est vrai, par contre, que l'Iran, la Russie ou l'Algérie par exemple sont des démocraties d'un seul homme, ou démocraties non participatives. La démocratie participative n'a plus rien à voir avec la démocratie représentative.

Étymologie : pour démocratie, voir rubrique précédente. Participative, forme inconnue de beaucoup de dictionnaires, adjectif apparemment dérivé de participation, du latin participatio, -nis, qui vient lui-même du verbe participare : faire participer, partager, formé de pars, -tis : partie, et capio, captum, capere : prendre. Participer, c'est prendre partie.

Démocratiser (se ~) : se dit de toute chose qui commence tout simplement à apparaître ou devenue accessible à de simples particuliers. Les obsèques spatiales se démocratisent, titre un édito sur Internet. Et, plus loin : Les funérailles spatiales se généralisent. Vu le nombre infime de personnes qui se sont fait envoyer en l'air pour leur mort (300 environ depuis une dizaine d'années ; statistique de 2006) et le coût prohibitif de telles obsèques, peut-on vraiment parler de généralisation ou de démocratisation ? Loteur, bon prince, donne encore d'autres exemples : ... Le Quinoa (céréale qui se démocratise en france depuis 2005 environ) est une céréale non-panifiable. Qui se démocratise = qui se répand ? qui se popularise ? Autre exemple : Cette progression ne risque pas de ralentir puisque, depuis le mois de janvier et l'arrivée de Free Mobile sur le marché, le mobile s'est encore un peu plus démocratisé. S'est généralisé, s'est propagé ? Avant, le mobile était réservé à une élite ; maintenant il est descendu dans le peuple, dans la rue. Et cet exemple, puisé dans Gentside sport : Le monde du sport a démocratisé le dopage. Étant donné qu'il s'agissait d'un article sur l'A.I.C.A.R., un produit dopant extrêmement cher (50 000 euros minimum la cure), on ne voit pas très bien le côté démocratique de la chose. Ineptie de rédacteur. Tiens, encore un exemple : C'est le cas de Senseo, qui, avec ses expressos en «dosettes souples», a contribué à démocratiser le marché via la grande distribution à partir de 2002 (Capital point fr, 08.03.2013). Ceux qui utilisent des dosettes souples sont démocrates, les autres non ? Noter le néo-crétinisme via (« via la grande distribution » = avec, par l'intermédiaire de la grande distribution).

Et le fait de se démocratiser, c'est la démocratisation, comme dans l'exemple suivant :


La démocratisation des vidéos de propagande du terrorisme islamiste ?
Quel sens de la démocratie !

A partir de démocratie, on trouve l'adjectif démocratique, dans un sens nouveau : Maintenant, on trouve du thym en pot dans toutes les grandes surfaces et ce toute l'année et à des prix très démocratiques. Des prix démocratiques, ce sont des prix accessibles au peuple (
δημος [démos] = peuple) ?

Et puis, quel rapport peut-il y avoir entre le fait de se généraliser et la démocratie ? A mettre sur le compte de l'incohérence journalistique. On a, en tout cas, la triste impression que ce qui est à bas prix, c'est démocratique. Sens dévoyé.

Étymologie : Démocratiser, dérivé de démocratie (voir rubriques précédentes) avec le suffixe -iser. Cf. le mot grec
δημοκρατίζειν (dêmokratizein) : être partisan de la démocratie.

Démonstratifs : les adjectifs démonstratifs peuvent maintenant être systématiquement employés en tête de titre d'article : Cet artiste qui fait peur à Pékin ; Ce Français qui veut régner sur Vegas ; Ces collèges qui donnent envie de fuir ; Ce petit plaisir qui va devenir un grand luxe ; Ce maire qui distribue des baffes ; Cette Chine qui est "on the rock" ; Ces aliments qui fragilisent les dents ... Nouvelle manie journalistique ? Tous ces titres ont été relevés sur l'excellent Yaourt, qui a l'air d'être un spécialiste de ces titres commençant par un démonstratif. Mais il est suivi et imité par nombre de media.

Nota : l'adjectif démonstratif ce, cette, ces se réfère à quelque chose de connu ou dont on a déjà parlé, ce qui n'est pas le cas dans les emplois qu'on a relevés plus haut.



Ces nouveaux mets qui envahissent [sic] déjà vos assiettes =
de nouveaux mets envahissent déjà (?) vos assiettes

Étymologie : du latin demonstrativus, venant de demonstrare : faire voir, désigner, indiquer, démontrer.

Dentition (barbarisme) : croissance et formation des dents. Souvent confondus par les ignares avec 'denture' (disposition et nature des dents) comme dans cette phrase extraite du Figaro.fr : Me Francis Szpiner, l'un de ses trois conseils (de Pierre Perret), est aujourd'hui équipé d'une dentition si blanche qu'il semble hésiter à la découvrir, de peur d'éblouir le prétoire autrement que par son éloquence. L'ironie facile du journaliste tombe complètement à plat à cause de cette faute grossière. Autre exemple : Georges [Clooney], il lui a suffi d'enfiler une blouse blanche et de se teindre les cheveux en gris pour anesthésier le monde entier avec sa jolie frimousse et sa dentition parfaite.

Il semble que la confusion soit due à nos amis anglo-saxons, qui utilisent le mot dentition dans le sens où nous, Français, nous utilisons le mot 'denture'. Mais Littré indiquait déjà : « C'est une faute de dire une belle dentition pour une belle denture ».

Étymologie : du latin dentitio : poussée des dents. De dens, dentis : dent.

Denture : ensemble des dents d'une roue dentée (1752). La denture désigne maintenant l'ensemble des dents, l'ordre dans lequel elles sont rangées dans la bouche : avoir une belle denture. La racine est la même : dens, dentis.

Dénutrition (néo-barbarisme) : mauvaise alimentation, sous-alimentation, ce qui entraîne des conséquences sur l'organisme. L'anorexie est une des principales causes de l'état de dénutrition. Exemple tiré d'un site gouvernemental : Dénutrition, ce mot évoque les pays en voie de développement, les tragédies de la faim auxquelles est confrontée une trop grande part de l’humanité, plutôt que la France, cinquième puissance économique mondiale. Remarquons au passage que pour le french government, la France est toujours la cinquième puissance du monde. Autre exemple : «Il est intolérable que l'on puisse faire l'apologie de la dénutrition et que l'on puisse exploiter commercialement des personnes qui sont dans des situations mettant en danger leur santé», a indiqué ce dernier [député] (La Dépêche point fr, 16.03.2015). Si, en effet, la maigreur de certains mannequins peut sembler choquante, ce qui est plus choquant, c'est de faire une loi contre la maigreur.

Participe néo-barbaresque : dénutri (le verbe dénutrir n'existe pas). Exemple : Une alimentation déséquilibrée et trop abondante malmène notre organisme qui, paradoxalement, se trouve dénutri bien que suralimenté (Top-Santé point com, 16.03.2015).

Étymologie : dénutri, dénutrition, venant de nutrition : ensemble des actes d'assimilation et de désassimilation se faisant dans l'organisme pour la conservation de l'individu (Cnrtl). Emprunt au latin nutritio, -nis : action de nourrir avec préfixe dé-, indiquant l'action inverse. Du latin nutritio viennent aussi en français nourrir, nourriture, nourrisson...

Notons au passage que, suivant nos amis Étazuniens, les Français emploient de plus en plus le mot « nutrition » au lieu d'alimentation.

Déodorant (anglicisme) : s'emploie depuis des lustres dans le sens de (produit) qui enlève les odeurs : un déodorant corporel, une lotion déodorante. En français normal, on dit 'désodorant' : qui enlève les odeurs.

Le doublon de déodorant est désodorisant, mais cet adjectif est surtout utilisé quand il s'agit d'odeurs domestiques : désodorisant chimique. Verbe : désodoriser, et non déodorer.

Déontologie : ça fait mieux que ‘morale'. La déontologie, en morale, c'est la philosophie du devoir. C'est maintenant synonyme de morale professionnelle ou ensemble des règles ou devoirs régissant la conduite à tenir pour les membres d'une profession. On parle ainsi de déontologie médicale.

Étymologie : emprunt à l'Anglais Bentham (XIXe siècle), à partir du grec
τὸ δεόν (to déon) : ce qu'il convient de faire, devoir et λόγος (logos) : discours, doctrine.

Départ volontaire : quand une entreprise qui désire délocaliser pousse gentiment ses salariés à la porte avec des indemnités ridicules, on appelle cela un « Plan de départ volontaire ». Autre forme de licenciement, en plus distingué.

Étymologie : départ signifie proprement partage, à partir du verbe départir : partager, puis écarter, séparer. Cf. le conte médiéval du XIIIe siècle : La housse partie (la couverture partagée).

Volontaire vient du latin voluntarius : qui agit librement, volontaire. Vient de voluntas, -tatis : volonté.

Département : pour les journalistes américanisés, synonyme de ministère ou de service. Le Département de la Santé du gouvernement américain étend son programme d'incitation à l'abstinence aux célibataires âgé(e)s de 19 à 29 ans. Cf. le fameux NYPD ou New York Police Department : Service de police, ou Forces de police de l'État de New York. Dans beaucoup de séries B, le mot département veut tout simplement dire service.

Dans le même esprit, on trouve les expressions département d'État et secrétaire d'État au lieu de ‹ ministère des Affaires étrangères › et ‹ ministre des Affaires étrangères › : Hillary Clinton secrétaire d'Etat d'Obama? - Libération 14 nov 2008 ... Selon deux conseillers du président élu, la nomination de l'ex-première dame à ce poste, équivalent américain du ministre des Affaires étrangères est «envisagée». Le journaliste prend donc la peine de traduire un peu plus bas. Lu sur un bandeau au bas d'un écran de télévision (BFM-Télé) : John Holder, secrétaire à la justice américain. Qu'est-ce qu'un secrétaire à la justice ? Un ministre de la Justice ? Les deux expressions secrétaire d'État et département d'État peuvent se trouver dans le même paragraphe : Alors que le département d'Etat américain a déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Algérie en raison d'un risque accru d'attentats, les forces de sécurité ont très sensiblement renforcé leur présence autour de l'ambassade à Alger. [...] La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a assuré que le gouvernement américain n'avait "absolument rien à voir" avec cette "vidéo écoeurante et condamnable" (Le Point point fr, L'Humanité point fr, divers media PLCC, 14.09.2012).

En France un secrétaire d'État est un sous-ministre qui ne participe pas au Conseil des Ministres (sauf si l'ordre du jour concerne son domaine d'action).

Voir Administration.

Étymologie : le vieux sens de département est partage. C'était la distribution qu'on faisait des tailles et autres impositions sur les paroisses. Puis, le mot département désigna la partie de l'administration pour les affaires d'État dont la gestion était attribuée à un ministre (sens retenu par les Étazuniens). C'est enfin une des ... au fait combien quatre-vingt quinze ? quatre-vingt dix-sept ? cent ? cent une ? divisions administratives de la France. La racine est le verbe partir ou départir : partager (cf. le fabliau La Housse partie), voir à Départ.

Déplacé : cuistrerie de langage, euphémisme lénifiant et odieux signifiant déporté. Il y aurait deux millions de déplacés au Darfour. On ne peut que trouver insultant ce genre d'expression ‘correcte sur le plan politique'. Il faudrait déplacer les individus coupables de tels abus de langage. En tout cas, l'expression est ici vraiment « déplacée ». Viktor Klemperer, dans sa L.T.I. (Lingua tertii imperii, La Langue du troisième empire), notait déjà : A partir de 1942, on ne dit plus "déportation" mais "évacuation". Changer, fausser le sens des mots a toujours été une grande préoccupation des régimes politiques, qu'ils soient prétendument démocratiques, ou dictatoriaux.

Nouveauté du langage administratif, on vient de créer le statut de déplacé environnemental (sic), dans le sens d'une personne qu'on oblige à abandonner des conditions de vie rendues difficiles à cause d'une catastrophe naturelle ou industrielle : Un nouveau statut provisoire de déplacé environnemental, assurant aux victimes des catastrophes naturelles ou industrielles une prise en charge humanitaire et la garantie de leurs droits fondamentaux, pourrait voir le jour en 2015 (Les Échos point fr, 29.05.2014).

Déplacé peut également avoir le sens de ‘qui fuit’, ‘en fuite’, ‘réfugié’, ‘évacué’. Plus d'un demi-million de déplacés en Californie [à cause des incendies], Bush débloque de l'aide. Bush débloque tout le temps, de toute façon. En tout cas, aux Étazunis, le mot réfugié est banni du vocabulaire quand il s'agit de personnes fuyant un ouragan ou une catastrophe naturelle : « C'est raciste de qualifier des citoyens américains de réfugiés », a lancé lundi le révérend Jesse Jackson (en parlant de noirs fuyant le cyclone Katrina). Où peut-on se réfugier pour fuir pareilles inepties ?

Dans le même esprit, on trouve maintenant le terme « éloigné » ou « reconduit à la frontière » au lieu d' « expulsé » : La France a 'éloigné' 167 900 étrangers depuis 1990. On s'éloigne vraiment de la démocratie ... et du français. Voir Éloigné.

Étymologie : déplacer, c'est changer de place ; du préfixe dé- + placer, venant de place (lieu en général découvert, espace, état...) Du latin platea : grande rue, place publique. Grec :
πλατεία, féminin de πλατύς : large. Déplacer, c'est élargir ?

Déployer, déploiement [ novlangue ] : on déploie un peu de tout maintenant : des troupes sur un front (sens militaire normal) et des fonctionnaires de police devant une manifestation. Cela veut dire mettre en place, disposer des troupes, en général sur un grand terrain. "A quel rythme et selon quelle ampleur la force africaine va se déployer sur le terrain pour prendre le relais de l'armée française ?", a aussi interrogé Alain Juppé (La Libre Belgique, 03.02.2013). Remarquer l'emploi du verbe interroger, dans un sens « absolu », pour demander.

Le verbe déployer est normalement utilisé quand l'objet est un groupe de personnes et plus particulièrement de soldats qu'on dissémine sur un plus grand espace : déployer des fantassins ; déployer une division, un bataillon... Mais on peut maintenant, illogiquement, déployer un seul objet : Les Etats-Unis ont déployé une arme laser. Cela fait des décennies que l'on entend parler de lasers dans le domaine militaire, mais c'est la première fois qu'une arme laser est déployée (Slate point fr, 15.04.2013).


Ici déployer signifie tout simplement envoyer.
Noter « Daech » au lieu d'O.T.I. (Organisation terroriste islamiste)

Mais déployer, déploiement, c'est aussi la mise en service d'un produit, la mise en œuvre ou la mise en place d'un service, la création ou le lancement de quelque chose... Peut aussi tout simplement être traduit par 'appliquer', 'application'. Une entreprise n'est pas totalement à l'abri d'un dysfonctionnement lors du déploiement ou lors de la production (Réseaux Télécom point net, 30.04.2007). Ou bien : Un milliard de cartes d'accès de ce type ont été déployés (sic) dans le monde (Réseaux Télécom point net, 30.04.2007). Ici le verbe déployer est mis dans le sens d'émettre ou de créer.

Verbe refait : redéployer qui signifie refaire, réorganiser, et non pas déployer une deuxième fois : redéployer une activité industrielle.

Étymologie : un des sens premiers de déployer est : faire occuper un plus grand espace de terrain : déployer une armée. Du préfixe dé- + ployer (plier). Déployer, c'est déplier. Latin : deplico, deplicare (venant de plicare : plier). Dans le même esprit explicare : déployer, dérouler, tirer au clair. Verbe de base plico, plicatum, plicare : plier. Grec : πλέκω (plekô) : plier, tresser.

Déprogrammer, déprogrammation (barbarismes) : (fait d') enlever du programme de télévision. D'abord repoussé à une date ultérieure, le reportage a finalement été déprogrammé par M6, indique Challenges. Autre exemple, au style brillant : Cliquez ici pour entendre Anne Roumanoff ironiser sur la déprogrammation de son programme "Anne Roumanoff et les garçons" (closer-mag point fr). ‹ Déprogrammation de son programme › : il aurait été trop simple, sans doute, d'écrire Sur la déprogrammation d'« Anne Roumanoff et les garçons ». Déprogrammer fait partie de ces verbes dont on obtient la forme négative par l'adjonction du préfixe dé-. Voir la rubrique suivante, par exemple.

Étymologie : préfixe négatif dé-, + programmer. Dérivé de programme, emprunt à l'anglais to program : ordonner selon un programme. Programme, du latin programma, venant du grec πρόγραμμα : ordre du jour, inscription.

Dépublier (barbarisme) : retirer, supprimer, enlever d'une publication. En application de cette charte, nous dépublions les commentaires non conformes, injurieux, haineux, ou tout simplement illicites. Généralement, la moyenne des commentaires dépubliés tourne autour de 1 à 2% (Rue89). Le magnifique verbe dépublier est-il une invention de cet organe de presse ? Auquel cas il faudrait dépublier ses articles.

Étymologie : formé à partir de publier : rendre public, faire paraître, éditer. Du latin publicus : public ; publicare : mettre à la disposition du public.

Député : participe passé du verbe députer : envoyer en mission. La forme féminine députée est donc correcte. Si elle [c-à-d Rachida Dati] boude la presse française, la députée-maire du VIIème arrondissement de Paris se rabat sur les médias d'outre-Manche (Closer-Mag point fr, 23.01.2013). Clin d'œil du rédacteur ? Il a employé le verbe « se rabat ». Par son père R. Dati est d'origine marocaine, pays dont la capitale est Rabat.

D'arnauld Montebourg, ancien ministre, cette critique acerbe : « La moitié des députés ne travaille pas. [...] Je suis lassé par la médiocrité du personnel politique, le corporatisme, la paresse intellectuelle ». Au vu de la fréquentation des bancs de l'Assemblée nationale, on ne peut que lui donner raison.

Étymologie : verbe députer : envoyer en mission, du latin deputo, deputatum, deputare : tailler, émonder ; imputer à, assigner à. Du sens 'assigner à', on est passé à 'envoyer en mission'.

Déraper, dérapage (néologismes politico-journalistiques) : le verbe déraper signifie normalement : dériver (en parlant d'un navire), glisser (en parlant d'un véhicule). Mais le verbe déraper a acquis une autre signification, qui est celle d'un écart de langage, de paroles déplacées, choquantes, voire scandaleuses ou insultantes (« inappropriées ») – pas politiquement correctes. Et comme pour les dérapages d'une voiture, ces dérapages verbaux peuvent être plus ou moins contrôlés (maîtrisés). Quand tel élu fait un jeu de mots discutable sur le ministre Durafour, c'est pour les media friands de scandales un dérapage verbal mal contrôlé ; et quand tel autre élu lance une boutade contre un ministre, non chrétien, en disant qu'il n'a pas « une tronche très catholique », il s'agit là aussi pour les media friands de scandales d'un dérapage verbal mal contrôlé. Les hommes politiques semblent mal contrôler (maîtriser) leurs dérapages. Il ne faudrait absolument pas leur confier les rênes du char de l'État.

Lu sur l'excellent Yahoo : Ça dérape sévère à l'antenne de Sud Radio (= graves écarts de langage à Sud Radio). Autre exemple : J-M. Le Pen dérape encore. Le président d’honneur du FN s’en prend cette fois à la présence des Roms de Nice (fr point News point Yahoo point com). Attention ! Roms = terrain glissant. De plus en plus, déraper et dérapage semblent s'appliquer à des situations ou à des tabous auxquels l'idéologie officielle politiquement correcte et la bien-pensance officielle jugent inadmissible de toucher : Juifs, Roms (Tsiganes, ou Gitans), homosexualité et mariage homosexuel, réfugiés, couleur de peau, race... Ceux qui se risquent à énoncer un avis à contre-courant des dogmes définis par les politico-journalistes : acteurs (comme A. Delon), hommes politiques (comme J.-M. Le Pen ou Ch. Estrosi), humoristes (comme Dieudonné) risquent le blâme public, l'excommunication, voire le procès.


Le « gros dérapage » en question : P. Hilton dit qu'elle n'aime pas les homos. Quel scandale !
(lors d'une conversation enregistrée à son insu)
On n'a plus le droit d'exprimer un avis qui va contre la bien-pensance.
Noter au passage l'emploi de l'adjectif gros, au lieu de fort, grand, grave, important...
Gros dérapage = grave pas de clerc, grande maladresse.

Autre dérive : déraper et dérapage désignent maintenant des situations qui empirent : «La situation a dérapé. Ça n'a plus rapport avec ça (la mort de Mark Duggan). C'est complètement hors de contrôle» (= on ne maîtrise plus du tout la situation). Autre exemple, pêché dans la presse : L'agression de la Syrie par l’OTAN pourrait déraper en un conflit de grande ampleur (déraper = se transformer, dégénérer, évoluer vers). Encore un exemple, tiré du Monde point fr : Selon l'Insee, le déficit public de la France n'a été ramené en 2012 que de 5,3 % à 4,8 % du produit intérieur brut, en dérapage par rapport à l'objectif du gouvernement qui visait 4,5 %. En dérapage par rapport à l'objectif = qui a manqué l'objectif ? Et plus loin : Vendredi, le ministre des finances, Pierre Moscovici, et celui du budget, Bernard Cazeneuve, ont répété que ces dérapages sont le résultat de 'la recapitalisation de Dexia, du budget rectificatif européen et d'une croissance économique plus faible que prévu'. Tendances souvent signalées de la novlangue : on allonge la sauce pour faire plus d'effet, et un mot peut prendre tout un ensemble de significations qui n'ont plus de rapport avec la signification de base. Voir Bavure.

Variante : sortie de route (il s'agit toujours de conduite automobile) .


Étymologie : il s'agit au départ d'un terme de marine : un navire dérape au moment où, quand il appareille, il chasse sur son ancre. Mais les hommes politiques, habitués aux « dérapages » n'ont visiblement pas le pied marin. Dérivé de 'rapar' : saisir, enlever, issu du germanique rapôn : arracher, enlever.

Derechef : adverbe qui signifie de nouveau, encore une fois, une seconde fois. Je me suis recouché dès le dîner, car j'avais derechef 38 degrés de fièvre, comme tous les soirs depuis près de quinze jours. Du Bos, Journal,1928 (exemple cité par le Cnrtl). Mais il semble que cet adverbe soit de nos jours employé dans les sens de : d'emblée, tout de suite, immédiatement : Commençons par voir en deux mots ce qu'est un 'blockbuster', catégorie dans laquelle s’inscrit derechef Skyfall. Comme il n'y a eu qu'un seul film Skyfall (déc. 2012 ), il est évident que l'emploi de derechef est ici fautif, et que nous avons affaire à un néo-rédacteur.

() Les distributeurs français, par fainéantise ou servilité, ne traduisent plus les titres anglo-américains. Skyfall = Tombe le ciel [?]

Étymologie : composé du préfixe 'de' + 're' (= encore une fois) + chef : tête, ici au sens de fin ou de bout.







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