Accents (sur les voyelles : à, é, è etc) : tendent de plus en plus à disparaître en français, sous les coups de boutoir de l'anglo-américain et de l'informatique. Il est bien loin, le temps où les instituteurs et professeurs exigeaient non seulement les accents sur les voyelles, mais aussi qu'ils soient bien formés, de façon qu'on ne confonde pas un accent aigu avec un accent grave. Ce système unique de graphie, propre au français, est de plus en plus négligé, ignoré, bafoué. Il en est de même pour les cédilles (ç, Ç) et les ligatures (æ, œ, Æ, Œ). Souci d'aller plus vite ? Mais les accents sont marqués sur les claviers informatiques en bonne et due place. Souci d'être lu par tous les systèmes informatiques ? Mais il est loin le temps où les lettres accentuées n'étaient pas reconnues. Simple paresse d'esprit, manque de culture ou copie servile de l'anglo-américain ? Cela est plus probable. Pour les adresses sur internet, les accents ne sont pas tolérés, de sorte qu'on est obligé de taper
www.neo-cretins.com au lieu de
www.néo-crétins.com. C'est une des grandes victoires du néo-crétinisme mondial selon les Anglo-Américains.
On peut par contre trouver des accents pléthoriques, comme dans cet exemple tiré de 20 Minutes point fr, 31.03.2013 :
La circulation de Saint-Ouen vers la capitale est actuellement déviéé su le préiphérique ouest (sic, il y a bien écrit : su le préiphérique). Loteur donne au lecteur étonné la phrase suivante du paragraphe :
La sortie Clignancourt sur le préiphérique intérieur est quant à elle fermée et le boulevard des Maraichaux est interrompue, rapporte Le Parisien. Donc le néo-rédacteur de 20 Minutes semble avoir adopté la graphie « préiphérique », et a décidé de donner une nouvelle orthographe à Maréchaux (« Maraichaux »). S'il pensait à maraîcher, c'est loupé, car ce mot prend un i accent circonflexe ( î ).
Les accents en français se mettent
AUSSI sur les lettres en majuscules. Ainsi :
FILS DEPUTE n'est pas FILS DÉPUTÉ
LE ROTI EST SALE n'est pas LE RÔTI EST SALÉ
DANS CET HOPITAL PSYCHIATRIQUE IL Y A BEAUCOUP D'INTERNES n'est pas :
DANS CET HÔPITAL PSYCHIATRIQUE IL Y A BEAUCOUP D'INTERNÉS,
quoique, comme disait Alphonse Allais, la différence entre les deux ne tienne qu'à l'épaisseur d'un accent aigu.
Par contre, là où il ne devrait pas y avoir d'accent, on en trouve de façon pittoresque et inattendue :
ésperer,
corréspondre, éléction, etc. Encore une victoire de l'éducation moderne et de la
méthode globale. Exemple :
Le Général Kachtalinsky bléssé à Ka-Lien-Tse "
au centre , et illustrée sur les bords , de tètes de personnages (le scripteur n'a fait que recopier un texte qu'il avait sous les yeux ; il n'y a pas de fautes dans le texte original). Dans le même esprit :
aux premières loges d'un lourd passé historique particulièrement ambiguë (à quoi se rapporte l'adjectif féminin
ambiguë ?) A noter cette perle dans Y'aoù? : «
Lagarde ambigüe sur l'amendement visant les rémunérations ». Pas d'auxiliaire entre Lagarde et ambigüe (ambiguë), une faute d'accent criante ... Les
journalistes se surpassent. A quand les chroniques directement rédigées en anglo-américain ?
Le français défiguré
Voici ce qu'on obtient en lisant des pages internet, si l'on n'adopte pas le bon codage :
En typographie, le cliché, plaque métallique portant l’empreinte d’une page ou d’une gravure, dans laquelle une matière fondue s’est coulée puis solidifiée, permet une reproduction en un grand nombre d’exemplaires. L’emploi du cliché se généralisa dans les années 1830, mais ce fut surtout à partir des années 1860 que cette technique de reproduction fut abondamment exploitée. Dans son Nouveau manuel complet de typographie (Paris : Mulo, 1921), Émile Leclerc expliquait ainsi, clairement, le substantif clichage : « créer, d’après une composition unique formée par l’assemblage de caractères mobiles, une ou plusieurs autres planches solides et authentiques, tel est le but du stéréotype ou clichage » (p. 610). Le clichage a recouru à du cuivre, à un alliage de plomb, de cuivre et d’étain, à du plâtre et à du papier (pp.612-615).
Le C.N.D.P. à l'attention de la communauté éducative (?)
SCÉRÉN : pourquoi un É devant un N final ?
Si le C.N.D.P. maîtrise si mal le français, il n'y a plus d'espoir.
Il suffisait de mettre des points entre les lettres pour que ça puisse, à la rigueur, passer.
Étymologie : voir rubrique précédente.
Accents circonflexes : un des points de la prétendue
réforme de l'orthographe de 1990 a été la suppression de certains accents circonflexes, jugés inutiles car n'ayant pas de rôle grammatical. On admet ainsi 'connait' au lieu de connaît, 'apparaitre' au lieu d'apparaître, etc. Mais cela reste flou, et on peut rencontrer les deux graphies dans le même paragraphe :
Stéphane Le Foll est la personnalité au PS, qui connait le mieux les questions agricoles au niveau européen. [...]
Par ailleurs, Stéphane Le Foll est élu dans la Sarthe et connaît les enjeux des paysans français (Le Figaro point fr, 16.05.2012). Autre exemple, lu sur TF1-News (sic) du 17.05.2012 :
Il y a un Premier ministre, qui s'appelle Jean-Marc Ayrault et qui arbitre les choses, a-t-elle [S. Royal]
laché sur BFMTV. A noter le néo-crétinisme « lâcher sur BFM-TV ». A l'énoncé de cette phrase, loteur s'attendait qu'elle lâchât (des chiens, par exemple) sur les journalistes de BFM-TV.
Parfois un mot dans un article est orthographié avec un accent circonflexe, et cet accent disparaît quand il est repris dans un autre article :
La dernière nomination qui m'apparaît extravagante [...],
c'est celle de Mme Taubira comme garde des sceaux (

citant M. Le Pen, 16.05.2012). Repris dans Yaourt!-Actualités, cela donne :
La dernière nomination qui m'apparais (sic)
extravagante (...) c'est celle de madame Taubira comme garde des Sceaux (17.05.2012). Ici, non seulement l'accent circonflexe a disparu, mais encore le 't' a été remplacé par un 's'. Les néo-rédacteurs de Yaourt! se surpassent. Noter également la manie, propre au journal Le Monde, paraît-il de ne pas mettre de majuscules aux noms de titres et de ministères : « garde des sceaux ».
Étymologie : pour accent, voir plus haut. Circonflexe, du latin circumflexus : fléchi autour. Circum : autour, + verbe flecto, flexum, flectere : courber, plier, fléchir.
Acceptabilité (XIXe siècle) : les substantifs se terminant par -
ilité sont vraiment à la mode. L'acceptabilité désigne le caractère de ce qui est acceptable, ce qui est de condition acceptable, le fait d'être acceptable.
L'acceptabilité des conditions tarifaires de cette société en fait un bon partenaire pour une joint-venture (sic). Ce style est inacceptable.
Voir
Défectuosité,
Durabilité,
Employabilité,
Faisabilité,
Infectuosité,
Payabilité,
Pénibilité,
Utilisabilité,
Vérifiabilité (etc.)
Étymologie : mot formé d'acceptable avec le suffixe -ité. Cf. latin médiéval acceptabilitas : qualité de ce qui est acceptable. Venant d'acceptable, de ad- : à, et *cipere pour capere : prendre.
Accidentogène (barbarisme) : d'emploi journalistique et administratif, ce terme élégant et léger signifie « qui provoque ou entraîne des accidents » (ou quelque chose de ce genre). Cette portion de route est accidentogène. Ici, accidentogène veut tout simplement dire dangereux. Autre exemple : Le bâtiment est le secteur le plus accidentogène, titre Le Parisien point fr. Il est vrai que l'adjectif 'dangereux' est tellement plat.
L'étude des accidents, de leurs causes et de leurs conséquences est évidemment l'accidentologie. Cela n'a rien à voir avec l'accident au logis, ou accident domestique. Pour Jacques Robin, ingénieur expert en accidentologie, le problème réside dans le fait qu'"un autocar large a croisé un camion large sur une route étroite qui fait manifestement cinq mètres de large" (France-TV Info [sic] point fr, 23.10.2015). Noter le bel effet typographique « qu'"un autocar », dû à la détestable manie d'adopter des guillemets étazuniens.
Étymologie : mot formé d'accident et de -gène. Accident : venant de 'accidens', participe présent de accidere, advenir, survenir ; formé de ad, à, et cadere, tomber. Le suffixe productif -gène sert à former de nombreux mots. Racine : gen : engendrer, d'où genre, gendre, genou, génération, etc.
Accompagnement, accompagner : deux des maîtres-mots de la
néo-langue, qui remplacent le plus souvent « aide, aider ».
L'accompagnement s'adresse à tout demandeur d'emploi qui en fait la demande, quels que soit son âge, ses qualifications, son domaine d'activité ou sa durée de chômage, et qui a le droit de travailler (SNC point Asso point fr). Autre exemple :
L'accompagnement éducatif, c'est accueillir les élèves après les cours pour leur proposer une aide aux devoirs et aux leçons, un renforcement de la pratique des langues vivantes, des activités culturelles, artistiques ou une pratique sportive (Éducation point Gouv point fr). Encore un exemple, encore issu d'un organisme gouvernemental (l'État se soucie vraiment de nous)
Thématique 7 : Offrir à l'entrepreneur un accompagnement global et sur-mesure (sic ; Redressement productif point gouv point fr). Encore un exemple ?
La loi du 9 juin 1999 officialise le droit aux soins palliatifs :
« Toute personne malade dont l'état le requiert a le droit d'accéder à des soins palliatifs et à un accompagnement » (Santé point gouv point fr). Noter l'expression néo-crétine « soins
palliatifs ».
Des entreprises paient à prix d'or des organismes d'orientation professionnelle pour aider les salariés qu'elles vont flanquer à la porte à se recaser tant bien que mal dans la société. Elles peuvent aussi proposer des emplois sous-qualifiés et sous-payés loin du lieu de résidence du salarié voire, cyniquement, à l'étranger, avec le smic du pays (ce qui ne représente la plupart du temps que 200 à 300 euros). Cela est saupoudré de « mesures d'accompagnement », comme un stage de reconversion professionnelle (pour être encore moins qualifié, encore moins payé), des entretiens devant un psychologue-conseil (pour essuyer le traumatisme d'un « plan social »), des entrevues avec des conseillers d'orientation professionnelle qui aident à établir un plan de reconversion... Tout cela contitue des mesures d'accompagnement. On peut dire que l'accompagnement est là vraiment mesuré.
Tel chômeur (
demandeur d'emploi) est
accompagné dans ses recherches par un « conseiller », tel étudiant est
accompagné dans ses démarches par un autre conseiller (COP ou Conseiller d'Orientation - Psychologue ; ce n'est pas un psycho-flic, ce n'est pas une plaisanterie, l'abréviation existe), tel
manager va être
accompagné « dans une politique visant à favoriser l'esprit d'entreprendre en France ». On peut énumérer de nombreux domaines où sévit la notion moderne d'
accompagnement, qui va souvent de pair avec le coach, le consultant, le formateur, le conseiller, l'éducateur, le thérapeute, etc. Bref, on
accompagne une personne plus ou moins « en demande » (et donc plus ou moins dépendante) dans ses orientations plus ou moins vitales, comme un parent dévoué accompagne un enfant à l'école. Derrière cette attitude de bienveillance, se cache une infantilisation des adultes que nous sommes. Si l'
accompagnement, c'est prendre théoriquement les gens par la main, c'est surtout une façon de prendre les citoyens pour des mineurs.
Cette notion d'
accompagnement coexiste avec l'idée de
fragilité (personnes fragiles), de demande, de dépendance y compris à l'alcool, au tabac ou à la drogue et, finalement, l'
accompagnement fait entièrement partie d'une société déshumanisante. L'
accompagnement est le masque qui sert à redonner un semblant d'humanité à notre société.
A lire cet article d'
Hélène Genet sur
Les sentiers fleuris de l'accompagnement. La présente rubrique a été rédigée sur la suggestion de G. D.
Étymologie : accompagner, accompagnement viennent de compagnon, venant lui-même du bas latin companio, -nis, formé de cum : avec, et de panis, -nis : pain, qui a donné aussi copain. Ce mot companio est déjà attesté dans la Loi Salique, où il apparaît comme un calque d'un mot germanique gahlaiba : compagnon, littéralement : celui qui partage le pain avec (ga-hlaiba. Cf. le mot russe хлеб [hlieb] : pain, bulgare хляб [hliab] : pain). Il semble cependant que dans l'idée d'accompagnement de nos jours, ce n'est plus le pain qu'on partage, ce sont les miettes.
Accordéon (effet d'~) : il ne s'agit pas ici du phénomène souvent constaté sur les routes ou les autoroutes (ralentissements accélérations de la circulation), mais du phénomène de raccourcissement allongement des mots. En effet on trouve d'abord des mots raccourcis par apocope (perte de la finale) comme actu (= actualité), ado (= adolescent), consulte (= consultation), promo (= promotion), ou des sigles ou acronymes : I.V.G. (= Interruption Volontaire de Grossesse = avortement), S.D.F. (= Sans Domicile Fixe = clochard, vagabond). Ceci peut entraîner des ambiguïtés : exclu veut-il dire nouvelle en exclusivité ou quelqu'un de rejeté ?
En face de cela, on trouve dans le parler néo-français des mots ou expressions comme perdurer au lieu de durer, procéder à l'acquisition de au lieu d'acquérir, ou procéder à un achat au lieu d'acheter, affectionner au lieu d'aimer ou de chérir.
Étymologie : accordéon : instrument de musique, dont le son est produit par l'action simultanée d'un soufflet et d'un clavier sur des anches métalliques. De l'allemand Akkordion, mot forgé en 1829 après Jésus-Christ à Vienne par Damian, inventeur de l'instrument, par dérivation d'Akkord, terme de musique, avec adjonction du suffixe -ion, sur le modèle d'Orchestrion (instrument inventé en 1791 par Kung à Prague). Le suffixe -ion a été altéré en -éon, lors de l'emprunt, sur le modèle d'Orphéon.
Effet, du latin effectus, venant de effectum, supin de efficio, effectum, efficere : effectuer, produire, formé de ex : de, depuis, venant de, + facere : faire.
Accords : tendent à ne plus être respectés. Toutes les fautes signalées ci-dessous peuvent être de simples fautes d'accord (masculin pour féminin, singulier pour pluriel, etc.) ou, plus grave, des solécismes (fautes contre la grammaire : indicatif en -er au lieu de participe passé, etc.). Il s'agit de « copiés-collés » à partir des textes originaux (nul trucage, donc). Voici quelques exemples, parmi des centaines, que loteur a attrapés avec son épuisette à néo-crétinismes :
•
Le ministère américain de la Défense a rendu public mardi pour la première fois deux clips vidéo montrant l'avion s'écrasant sur le Pentagone le 11 septembre 2001, à la suite d'une requête d'une association américaine qui espère ainsi mettre fin aux théories du complot (Vingt Minutes point fr, 10.09.2006). A rendu public : a rendu publics.
•
Elle devrait également souligner "les devoirs qui accompagnent tout progrès sociaux" (Capital point fr, 10.02.2007). Tout progrès sociaux : tout progrès social, tous progrès sociaux.
• «
Notre but est de s'assurer que ces équipements soient sûrs, efficaces et protégés d'interférences extérieures » (traduction d'un texte en anglais par TF1 point fr, 12.03.2008). Notre but est de s'assurer : notre but est de nous assurer.
•
Deux avions français et israélien ont failli entrer en collision au-dessus de la Serbie (Le Monde point fr, 30.12.2009). Deux avions français et israélien : deux avions, l'un français, l'autre israélien ?
•
Je suis un nouveau membre d'ABC et n'en maîtrise pas encore toutes les arcanes. Comme je suis prof de français, mes recherches ne sont pas tout à fait désintéressées (Langue française point net, 14.02.2010). Le mot arcane est masculin ; pour un prof de français, il cache mal son ignorance.
•
S'en suivent une série de révélation sur les écoutes dont ont été victimes des familles de soldats morts en Afghanistan et en Irak (The Huffington Post point fr, 18.07.2011). S'en suivent une série de révélation : s'en est ensuivie une série de révélations.
•
Les proches de la candidate à la primaire PS se mobilisent, à 45 jours du premier tour tandis que l'entourage de son principal rival justifie son absence: "on était pas informés qu'il fallait venir" (Libération point fr, 27.08.2011). Ici, non seulement 'on' est accordé au pluriel, mais il n'y a pas de négation entre 'on' et 'était' dans une phrase négative.
•
Si la famille royale veut nous poursuivre, nous feront avec (Voici point fr, 29.09.2011). Nous feront : nous ferons.
•
La République fait appel aux religions pour éteindre les incendies sociales (2005) (Médiapart point fr, 06.10.2011). Incendies sociales : on dit un incendie.
•
Lors d'une conférence de presse à Tunis, Rachid Ghannouchi, qui ne brigue pour lui-même pas de poste officielle dans la Tunisie post-Ben Ali ... A moins que Rachid Ghannouchi ne brigue le poste de ministre de la Poste (Capital point fr, 28.10.2011). Poste officielle : erreur fréquente avec les adjectifs terminés par -al, -el et -eur. Noter : poste officielle, post-Ben Ali, ministre de la Poste.
•
Ce n'est pas la première fois que ce type de réactions, face à l'acte d'un ou plusieurs individus, apparaissent sur Internet (Slate point fr, 29.11.2012). Accord avec réactions et non avec type.
•
Il a ensuite rouler à travers la ville de Chengdu avec un policier sur le capot pendant 5 km à plus de 100 km/h (chronique Yahoo, 12.12.2011). Il a ensuite rouler : roulé.
•
D'un coté, ceux qui disposent d'une habitation et désirent la louer pour arrondir ses fins de mois (La Tribune point fr, 28.12.2011). Ceux qui … ses fins de mois : leurs fins de mois.
•
Le guide libyen mort, les victimes de l'attentat de la PanAm peuvent-elles s'estimer venger? Plutôt floués! (Bakchich point info, 05.01.2012). Venger … floués : vengées … flouées.
•
Il souhaite notamment que les manquements de la DCRI soit éclairci. Comment Mohamed Merah a pû tuer sept personnes en moins de dix jours? (L'Express point fr, 04.06.2012). Les manquements de la DCRI soit éclairci : soient éclaircis ; a pû tuer : a pu tuer.
•
L'Aube Dorée a « nettoyé » entre guillemets les places des vieux quartiers d'Athènes où des personnes âgées habitent et qui avaient peur de sortir de chez eux... (Rue-89 - Nouvel Obs point com, 08.06.2012). Des personnes âgées ... de chez eux : de chez elles.
•
Neuf Palestiniens ont été tués, dont un frère et une soeur de 3 et 1 an dans le nord du territoire (Le Point point fr, 19.11.2012). Accord du mot 'an' avec le dernier chiffre un. La ligature manquante Å“ dans le mot sœur est dans l'original.
Les exemples sont légion. Tout cela est à mettre encore une fois sur le compte de la '
méthode globale'. Et dans l'exemple :
Veillée d'armes pour les anti-mondialisation [= partisans de l'~], le mot anti-mondialistes ne serait-il pas plus simple ?
Il existe aussi un
accord de proximité (
★), c'est-à-dire que l'accord ne se fait pas avec le sujet normal, mais avec un complément, placé juste à côté du verbe : Ce genre de preuves sont très fragiles (sic). Autre exemple, pêché avec le filet à néo-crétinismes de loteur : Ce n'est pas la première fois que ce type de réactions, face à l'acte d'un ou plusieurs individus, apparaissent sur Internet (slate point fr). Autre exemple : [...] et peu importe que seulement 1% des demandes d'autorisation d'achat soient rejetées par les revendeurs d'armes licenciés (slate point fr ; c'est seulement 1 % des demandes qui est rejeté. Quant aux revendeurs « licenciés », ce doivent être les revendeurs autorisés et non remerciés ou virés). Encore un exemple : La majorité des gens méritent le sort qui sera bien tôt le leur. Curiosité : l'adverbe bientôt a été scindé en deux. Ou cet autre exemple : Angleterre : une patrouille de musulmans imposent la loi islamique dans la rue. Une patrouille ... imposent ? Ou bien encore cet exemple tiré d'un forum : D'autres parts (sic), pour les branches professionnelles employant au moins un tiers de salariés à temps partiels, de futures négociations sont prévues. L'accord au pluriel de partiels est peut-être dû au 's' final de temps. Et encore un exemple (c'est gratuit) : La logique de l'égalité de tous les modes de vie, contenue implicitement dans le PACS, s'est avérée plus fortes que toutes les dénégations, même sincères. Une part de ces fautes est sans doute due à l'inattention, d'autant plus que le participe passé 'avérée' est bien au singulier. Un autre accord de proximité : Ceci dit, le choix des coachs et du public m'ont parfois étonnée (chroniqueuse yaourt). C'est le choix qui a étonné, et non les coachs et le public. Un autre accord de proximité est à signaler, mais celui-ci est fait d'après le sens : Où vont la « gauche militante » et étudiante après le « Printemps Érable » ? Le sujet est « la gauche », et non militante et étudiante, qui ne sont que de simples déterminatifs.
(★) loteur a emprunté cette expression aux correcteurs du Monde point fr (voir
ICI)
Autre accord de proximité, classique : l'impératif et l'indicatif sont confondus.
Allez pressez le rebord inférieur de l'os des pommettes de façon prolongée. Bien différencier de :
Allez, pressez le rebord inférieur ... Il s'agirait là de deux impératifs séparés par une virgule.
Quant aux erreurs d'
accords de construction (accords syntaxiques), on ne les compte plus ; un exemple :
Regardez qu'est-ce qui manque sur cette affiche (un présentateur de la
french TV). Ou bien :
Est-ce que le sujet expose t-il clairement des difficultés à se déplacer, à s’asseoir ou à tenir des objets ?
Étymologie : accord (XIIe siècle) : pacte scellé par un serment. Se trouve également dans le sens d'union, d'harmonie. Emprunt au latin *accordare, venant de cor, cordis : cœur. L'étymologie faisant remonter accord à corde (d'instrument de musique) est fausse.
Accrocher (s'~) : désormais, pour tout chef d'État menacé par un mouvement révolutionnaire, le fait de se maintenir au pouvoir face à la tempête qui gronde est qualifié par nos valeureux journalistes par l'expression : s'accrocher au pouvoir. Il en a été ainsi du président Ben Ali, du président Moubarak, qui s'accrochaient au pouvoir (premier trimestre 2011). Idem pour Kadhafi, et l'on peut lire de nombreux titres de la presse écrite ou sur internet : Kadhafi s'accroche au pouvoir. Remarque : Kadhafi s'accroche au pouvoir, Mussolini fut pendu à un croc de boucher.
En dehors du psittacisme désagréable, dont sont coutumiers nos excellents journalistes, ceci ressemble fort au coup de pied de l'âne, agression lâche contre un ennemi vaincu. Et les journalistes de se déchaîner contre ces anciens chefs d'état, en les traitant de tous les noms : "autocrate", "dictateur", ou même "fou sanguinaire" (pour Kadhafi) etc. Il est dommage que les journalistes ne s'en soient pas rendus compte avant. Mais chez les journalistes, il n'y a nulle morale, chers lecteurs, nulle morale.
Étymologie : de croc, instrument crochu.
Accueil : désormais orthographié « acceuil » par les néo-crétins victimes, hélas, de la méthode globale qui a fait, globalement, de grands dégâts.


Deux exemples parmi des dizaines et des centaines.
Les 'pages d'accueil' sont devenues des 'pages d'acceuil', car les néo-crétins ont franchi un nouveau seuil dans l'ignorance.
Verbe :
accueillir, devenu par la grâce de Dieu et de Sainte Méthode Globale « acceuillir ». Un seul exemple, parlant, ou plutôt criant, recueilli sur un blogue :
mes condellehanse aux parents quiter le monde si tot 25 ans c est si triste ke son ame repose en paix ke Dieu  t acceuil. A noter le très joli mot « condellehanse » (condoléances), attesté dans aucun dictionnaire, et c'est bien dommage.
Étymologie : préfixe ad (→ ac), + verbe cueillir. Latin colligere, de cum : avec, et legere : choisir, cueillir.
Achalandé : qui a beaucoup de chalands, c'est-à-dire de clients. Ce commerçant est bien achalandé : il a beaucoup de clients, et non pas beaucoup d'articles en vente, bien que l'un n'aille pas sans l'autre en général. L'Android Market, même s'il est déjà très bien pourvu, est moins bien achalandé que l'App Store. Il faut sans doute comprendre ici : pourvu en matériel, et non : rempli de clients.
Étymologie : de chaland = client.
Acheter : dans l'expression devenue commune "J'achète" pour dire : "Je suis d'accord" ou "C'est d'accord". Bien que je sois de repos jeudi, je te propose de venir travailler ce jour-là pour remplacer la personne qui ne viendra pas à cause de la grève du métro ― J'achète ! On doit, paraît-il, cette expression aux Anglo-Saxons. C'est en tout cas typique de leur mentalité mercantile. Tiens, un autre exemple avant de fermer la boutique : "Il y a une logique. Au niveau technique, Tal, c'était moyen - pas mauvais - et au niveau émotif, ce n'était pas connecté pour moi." Bon bref, il "achète pas" ! (chronique divertissement de Yaourt, 06.10.2013). A noter l'expression « ce n'était pas connecté pour moi » (ça ne m'a pas branché, ça ne m'a pas intéressé ?) Ce vocabulaire, issu de l'informatique, est plus un signe d'appauvrissement que d'enrichissement.
Étymologie : acheter, d'origine incertaine. On suppose que le mot vient du latin adcaptare, formé de ad + caput (tête) : ajouter à son capital, à son cheptel. Une autre étymologie suppose que le verbe acheter est issu d'un latin populaire *accaptare, dérivé du classique captare : chercher à prendre, fréquentatif de capere. Du sens de prendre, obtenir, on est passé progressivement à échanger contre de l'argent.
Acolyte : semble avoir pris le sens de 'partenaire' ou de 'collaborateur' dans les textes écrits par les néo-rédacteurs. Titre d'un article web de Pure-People point com :
Pascal Obispo blessé par un acolyte de Cyril Hanouna. On pourrait croire qu'un homme au service de C. Hanouna a blessé P. Obispo d'un coup de couteau ou avec une arme. Autre exemple, tiré d'un article sur un feuilleton (
série) télévisé :
D'autres surprises pourraient bien ponctuer cette quatrième saison: Courteney Cox aimerait beaucoup convier dans un épisode Matt LeBlanc, son acolyte dans "Friends" (Closer-Mag point fr, 06.01.2013). Acolyte = partenaire ?
ℜappel : acolyte signifie serviteur d'une personne à laquelle il est subordonné et aussi, péjorativement, complice (d'un mauvais coup).
Étymologie : l'acolyte, du grec
ancien
ακόλουθος (akolouthos) : suivant, serviteur, est, dans l'Église catholique, dans l'Église orthodoxe et dans l'Église anglicane, une personne dont la fonction est d'assister le prêtre et le diacre lors des célébrations liturgiques. Par extension, on appelle acolyte quelqu'un qui est au service de quelqu'un d'autre, ou son compagnon. Dans les exemples cités plus haut, acolyte semble avoir pris le sens de partenaire ou de collaborateur.
Acquisition (américanisme) : une carte d'acquisition tv : composant électronique qui s'insère dans un ordinateur pour capter les programmes de télévision et les numérise. On peut dire plus simplement : une carte TV ou une carte télé. Directement importé de l'anglo-américain. (Acquisition = numérisation).
Étymologie : du latin acquisitio, au sens littéral d'accroissement, d'augmentation ; ou plus tard : acquisition. Le Gaffiot note que cette dernière acception (acquisition) date de la décadence.
Act up (anglicisme, prononcer
ækt ʌp ou plus simplement acteupe) : sorte de secte ou d'association de lutte contre le sida, en provenance des Étazunis. La section française a repris le titre initial anglo-américain. On s'imagine sans doute lutter plus efficacement parce que c'est anglais ? Le plus amusant si l'on ose dire est que le sens classique du verbe anglais act up est : faire des siennes, faire des caprices. Alors, la lutte contre le sida, un caprice ? Ce n'est pas très sérieux.
Étymologie : act, du français acte : document officiel, latin actus : fait de se mouvoir, mouvement, acte. Up, vieille racine indo-européenne *upo : "dessus depuis le dessous", ayant donné up en anglais, über en allemand, mais sub (sous) en latin.
Actant, actanciel :ces mots ont été trouvés dans un livre de français destiné aux classes de 1ère. L'actant, c'est celui qui est sujet ou objet d'une action ; l'actantiel, c'est ce qui est propre à l'actant. Les autres fonctions sont désignées par circonstants (compléments circonstanciels). En gros, dans le schéma de la phrase selon le linguiste Lucien Tesnières, il y a les acteurs (actants), le procès (le verbe) et le décor (les circonstants). Tout ceci est fort beau, mais ne serait-il pas plus judicieux d'apprendre aux élèves le français, sans fautes d'orthographe ni de syntaxe, avant d'asséner des mots aussi épouvantablement et ridiculement prétentieux ?
Avant, il y avait des sujets, des verbes, des compléments ; il y avait des substantifs (ou noms), des adjectifs, des verbes et des adverbes ; il y avait des propositions principales et des propositions subordonnées. Tout cela était simple et clair, et la plupart des gens parlaient et écrivaient français convenablement.
Maintenant et c'est là un grand progrès il y a des actants, des actanciels, des syntagmes, des procès, des prédicats, des valences ... et c'est un bordel noir : rares sont ceux qui savent écrire ou parler correctement.
Étymologie : voir acteur.
Acter : verbe très laid qui signifie prendre en compte, enregistrer, inscrire dans un P.V., prendre acte de, entériner, homologuer...
Jean-François Copé a invité pour sa part à « acter la réconciliation entre la France du 'oui' et la France du 'non' ». Autre exemple :
Le premier Conseil des ministres s'est tenu aujourd'hui et a duré 45 minutes. La baisse de 30% du salaire des ministres est actée (Le Nouvel-Obs point com, 18.05.2012 ; l'espace manquante entre 30 et % est dans l'original). Encore un exemple :
Maxime Bono, a pris la parole pour annoncer «une victoire de la droite, la première depuis 1993 dans cette ville», manière d'acter la défaite de la candidate officielle du PS (Libération point fr, 17.06.2012). Et puis encore :
Passons au mariage homosexuel, qui devrait être acté en 2013 (blogue Le Monde).
La scission est actée (entérinée ?)
Vu dans un dictionnaire d'ancien français de loteur : « Acter (1260) : dater convenablement les actes ou les lettres ». Un vieux verbe est revenu, mais avec un changement de sens. De 'dater un acte', il en est venu à signifier 'prendre acte'.
Étymologie : voir acteur.
Acteur : un acteur est un artiste qui met en
acte le texte d'un dramaturge, d'un scénariste. Puis ce terme désigne plus spécialement celui qui joue un rôle au cinéma ou à télévision alors que le comédien désignera plutôt et de façon arbitraire l'acteur de théâtre.
Au XIXe siècle, un acteur est celui qui joue un rôle important, qui prend une part active à une affaire. Le mot
acteur peut maintenant qualifier maintenant toute entité qui réalise quelque chose ou qui agit : personne, groupe, service, organisme... La société est devenue un immense théâtre où chacun joue un rôle. « All the world's a stage ... » (le monde entier est une scène de théâtre) écrivait déjà Shakespeare.
La chaîne de télévision Aujourd'hui-TV a implanté une équipe en Limousin, qui travaille en partenariat avec la Région et ses acteurs pour valoriser les initiatives locales... Ou bien encore cet exemple éloquent :
Les acteurs économiques de Rhône-Alpes, unanimes, [...]
attendent des actes en faveur de la vallée du Rhône qui nécessite ... une augmentation de sa capacité autoroutière (Rhône-Alpes point CCI point fr). Les acteurs attendent des actes ? Pourquoi n'agissent-ils pas eux-mêmes ? Ou bien enfin :
La prostitution, ou travail sexuel, est une relation sociale qui met en présence deux types d'acteurs lors d'un échange marchand [définition trouvée dans le
Dictionnaire suisse de politique sociale]. Modernité oblige : on pensait simplement
baiser une
pute, et voilà qu'on devient un
acteur dans un psychodrame social. La Comédie humaine, sans doute.
Deux acteurs sociaux
Avec l'aimable autorisation de René Le Honzec : son site
Et que penser de cette phrase, prononcée par N. Belloubet, « vice-présidente du Conseil Régional
en charge de (sic) l'Education, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche » :
Il faut mettre l'élève dans une situation où il sera acteur de ses connaissances, dans une pédagogie de projet. L'élève « acteur de ses connaissances », « pédagogie de projet », qui dit mieux ? La même N. Belloubet ajoute, impavide :
Il faut cesser de dire, par exemple, qu'il faut absolument lire et écrire à la fin du cours préparatoire. Il faut sans doute des ignares et des cancres pour la gloire de la République.
En tout cas, dans une société où l'individu est de plus en plus rendu passif, le mot
acteur est un plaisant paradoxe. Équivalents proposés : agent, exécutant, participant, personne, sujet, rouage, voire responsable dans le meilleur des cas ...
Étymologie : du latin actor : celui qui agit ; il y a eu quelquefois confusion avec le latin auctor au sens d'auteur d'un livre :
Un acteur qui a nom Macrobes (1582, F. Bretin). Racine d'acteur : ago, actum, agere verbe latin signifiant mettre en mouvement, faire avancer, pousser, faire, agir, accomplir... (trois pages de sens dans le Gaffiot). Cf. le verbe grec
αγω (agô) : conduire, mener, diriger. Sanscrit : अज् (ajati): mener, pousser, conduire.
Actif : terme abondamment utilisé sur Internet et qui signifie : valable, qui marche, en activité.
Lien actif,
page active.
Cette page n'est pas active. Sur les sites (pages) de terroristes, les liens sont-ils activistes ?
L'adverbe
activement (terme journalistique) signifie : avec mollesse, en classant d'avance l'affaire (sauf quand il s'agit du scooter du fils d'un président). «
Deux adolescents de 15 et 16 ans soupçonnés d'avoir torturé un handicapé mental ont été déférés devant le parquet. Quatre de leurs complices sont activement recherchés. » Il faut signaler la tournure bizarre : Quatre de leurs complices . Y avait-il toute une bande de complices contre un
handicapé ?
Étymologie : voir acteur.
Activisme, activiste : définition moderne d'activisme : méthode d'action d'un mouvement politique ou syndicaliste préconisant l'action directe y compris par la violence. Mais le terme a connu une dérive, et peut signifier aussi terrorisme. C'est ainsi que des fous criminels placent des bombes dans des lieux publics pour faire un grand nombre de victimes civiles, ou lancent des roquettes sur des habitations civiles, tuant nombre de femmes et d'enfants, et nos excellents journalistes appellent cette forme d'héroïsme surhumain
activisme, et ces héros d'un nouveau genre
activistes, et non plus terroristes.
Des attentats perpétrés dans des trains à Madrid le 11 mars 2004 font 191 morts. A Londres, des kamikazes font 52 morts en juillet 2005. D'autres activistes frappent en Irak, en Turquie, en Egypte, en Algérie, au Maroc, en Mauritanie, en Arabie ou au Yémen (L'Express point fr, 02.05.2011). Tandis qu'au Pakistan :
"Les activistes ont attaqué certains postes à l'arme lourde tandis des tirs de mortier visant d'autres postes ont fait des victimes (= morts)
à Arandu", a dit un responsable de la sécurité (Yahou!, citant Reuters). Ou bien encore : ...
l'attentat à l'aéroport de Bourgas a été mené par des activistes du Hezbollah et commandité par l'Iran, selon Israël (divers media).
Autre sens, à définir :
Les liens unissant les deux hommes sont au coeur de l'enquête depuis que des écoutes téléphoniques ont mis en lumière l'activisme de l'ancien locataire de Matignon pour éviter à son ami des déboires judiciaires (

). Activisme : activité illégale ? Agissements ? Activité forcenée ?
On revient au sens normal du mot
activiste quand il s'agit de désigner une personne qui s'engage, qui s'implique, qui agit, mais avec vigueur, bref un militant très convaincu et actif. C'est ainsi que les journalistes ont qualifié d'
activistes les personnes qui se sont embarquées sur des bateaux vers Gaza pour braver le blocus d'Israël. On ne sait jamais sur quel mot danser avec les journalistes. Voir
Terrorisme, terroriste.
Étymologie : néologisme, XXe siècle. Formé d'actif + suffixe -isme. Voir acteur.
Activités (suivre les ~ de X) : c'est nouveau, ça vient de sortir. Désormais les messageries électroniques proposent de suivre les activités de X... sur Fessebouc, Twiteur, etc. Voilà qui est intéressant, surtout si la personne concernée est aux toilettes. Nous sommes bien dans le règne de l'insignifiant.
Étymologie : latin activitas, d'agere : agir.
Actu : diminutif d'actualité.
Le groupe vous propose de déposer vos actus afin d'en faire profiter des milliers d'internautes quotidiens (= qui viennent chaque jour ?) Les actus proposent parfois des
exclus (exclusivités).
Étymologie : du latin actualis : qui agit, qui met en application. Du verbe ago, agere (voir plus haut :
Acteur).
Ad hominem (latinisme) :
l'argumentation ad hominem, c'est le fait de retourner à l'adversaire ses propres propos ou arguments. Un exemple, inspiré des élections régionales de 2015. Un homme de droite, qui avait recueilli 25 % des voix, ironise sur la candidate de l'extrême droite, qui avait obtenu un peu plus de 40 % des voix :
60 % des électeurs vous ont rejetée !
Et vous, 75 % des électeurs vous ont rejeté !
Mais la plupart des gens comprennent par
ad hominem le fait de discréditer une personne plutôt que de s'attaquer à ses arguments. Expression latine de plus en plus prisée des journaleux, qui n'hésitent pas à la placer un peu partout, en confondant cette expression avec l'expression '
ad personam', ou fait de s'attaquer à la personne plutôt qu'à ses arguments. D'aucuns, d'ailleurs, emploient 'ad personem' au lieu de : 'ad personam'. [...]
on voit tout de suite dans quel registre on se place : celui de l'attaque ad personem et non celui du débat d'idées (FNB point to). Exemple avec
ad hominem :
Après les attaques ad hominem de D. S-K, pour qui le premier secrétaire est l'un des principaux responsables de l'échec...
P.S.
Ad hominem n'a rien à voir avec l'éminent Eminem.
Dans beaucoup de blogues et de forums, l'on a souvent affaire à des hurluberlus qui s'attaquent systématiquement aux participants. On appelle
trolls de tels imbéciles. Ils insultent, protégés par l'anonymat relatif de leurs
pseudos, les participants dont les idées ne leur plaisent pas. C'est l'exercice des insultes
ad personam (et non
ad hominem) le plus répandu qui soit.
Variante :
ad nominem (Dei ?) Loteur a pu relever sur internet ce plaisant barbarisme « ad nominem », commis par quelqu'un qui ne connaît ni le latin ni le français :
Le meilleur moyen de voir que des attaques sont ad nominem, c'est d'abord d'observer que l'on fustige une personnalité alors qu'elle n'a encore rien fait (Agora-Vox, 23.05.2012).
Étymologie : ad, préposition latine indiquant la destination, + hominem, accusatif de homo, -inis : homme. Ad personam, composé de la préposition ad + persona, du latin persona, personæ, mot d'origine étrusque, et qui signifie : masque, acteur. Le mot viendrait du nom de Phersu, personnage masqué et barbu, à la fois menaçant et comique, qui apparaissait dans les spectacles funéraires chez les Étrusques. En latin, persona a désigné le masque de théâtre, puis le rôle, avant de prendre un sens plus général : personnalité, personne, individu. Chez le philosophe et psychanalyste C.G. Jung, la persona est l'archétype du rôle social de l'individu.
Addict(e) (anglicisme et néo-crétinisme, prononcer
ædɪkt) : oubliés les 'accros' d'une drogue, oubliées les personnes dépendantes ou prisonnières de, ou assidues à, oubliés les toxicos, les obsédés de, les mordus de, les esclaves de (voir l'étymologie plus bas), les comportements compulsifs ; maintenant on n'a plus que des addicts. Et nos bons vieux obsédés sexuels, sont ainsi devenus des sex addicts, les alcolos sont devenus de addicts à l'alcool, les grands amateurs de café sont devenus des café-addicts (sic), comme dans cet exemple : Il est intéressant de constater que la plupart des café-addicts ne peuvent envisager de s'arrêter !!! (Nouara-Love point blogspot point fr). Pourquoi pas caféinomane au lieu de l'horrible café-addict ?
Loteur, infatigable, propose le néologisme « addictionnaire » (addict au dictionnaire) : se dit d'un individu qui habite dans son dictionnaire : cruciverbiste enragé, candidat à des jeux télévisés de connaissances, etc.
Substantif : addiction (ədɪkʃən). Delarue : son addiction l'a-t-elle tué ? (sa toxicomanie l'a-t-elle tué ? la drogue l'a-t-elle tué ?) Cory Monteith s'était fait interné en rehab début avril sur sa demande pour soigner ses addictions (Voici point fr). Que veut dire « rehab » ? (★). L'obsession sexuelle, ou érotomanie, est devenue l'addiction au sexe ou l'addiction sexuelle, exemple : Les érotomanes sont addictes au sexe (noter la graphie francisée addictes, avec un -e final, mais on ne sait pas s'il s'agit d'hommes ou de femmes). On ne parle donc plus de dépendance, d'accoutumance, mais d'addiction : Ces addictions (tabac, alcool, cannabis) sont des causes majeures de cancer. L'on parle aussi d'internet addiction et non pas d'addiction ou de dépendance à internet ou de cyber-dépendance. Constat : La dépendance numérique aurait les mêmes effets qu'une addiction à la cigarette ou l'alcool. Tiens, en une seule phrase, on parle de ça deux fois : Une nouvelle étude néo-zélandaise prétend qu'il serait possible de déceler les futurs comportements addictifs comme la dépendance à l'argent ou l'addiction à la drogue dès l'école maternelle (Top-Santé point com). Encore un exemple, pour montrer que l'objet de la dépendance se déplace du physique (drogue, tabac, alcool...) vers les techniques modernes : Mais curieusement cette addiction technologique ne fait actuellement l'objet d'aucun ajout dans le célèbre DSM américain (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) dont la première édition publiée en 1952 relevait déjà 60 pathologies psychiques et dont la prochaine en recensera probablement plus de 500... (Agora-Vox). Addiction au lieu de dépendance ou passion, technologique au lieu de technique, pathologies au lieu de maladies, les ingrédients du détournement du sens des mots et les composants de la néo-langue sont là. Remarquer également la construction, ambiguë ou fautive : « addiction technologique » au lieu d'addiction à (passion pour) la technologie (les techniques modernes). Voir Adjectifs.
(★) un petit tour sur Wikipédia apprend à loteur, ce grand ignare, que « rehab » est l'abréviation en anglais du mot rehabilitation, qui ne veut pas dire réhabilitation. L'abréviation fait référence à drug rehabilitation, expression anglaise pour un centre de désintoxication. Rehab = désintox, si on tient absolument à écrire en abrégé.
Là où avant il y avait quatre ou cinq mots pour décrire un état de dépendance, il n'y en a plus qu'un. Économie de mots, indigence de pensée. Il ne semble pas que ce soit anodin : on essaye de mettre sous une mettre étiquette des faits relevant de névroses différentes : névrose d'angoisse, compulsion de répétition, névrose obsessionnelle, régression orale, tout autant de mécanismes (ratés) de défense du moi.
Avec l'adjectif addictif : accoutumant, qui rend dépendant : substance addictive : substance accoutumante. Exemple : Pourquoi il te faut jouer à ce jeu MMO de stratégie gratuit et addictif ? Le MMORPG le plus excitant auquel tu as jamais joué ! (réclame pour un jeu vidéo lue sur Yahoo, 10.12.2015). MMORPG est un sigle qui signifie dans le patois distingué des joueurs : Massively Multiplayer Online Role Playing Games (jeux de rôle multi-joueur de masse en ligne, ou quelque chose comme ça). Que de telles âneries puissent rendre addictifs des milliers et des milliers de jeunes joueurs, voilà qui est navrant. Autre emploi de l'adjectif addictif, trouvé sur un forum : Des millénaires sans portable et pas d'hécatombes infantiles pour autant. le tel portable est un outil,de fait pratique et on ne doit pas tomber addictif d'un outil (Agora-Vox point fr, 30.06.2012). On ne doit pas tomber addictif d'un outil : on ne doit pas dépendre d'un outil. Un petit exemple d'emploi abusif de ces néo-termes
ICI. A encore donné l'adjectif addictogène : produits addictogènes : qui rendent dépendant. Ce n'est pas le sevrage qui est si difficile si il [sic] est pris en charge, c'est plutôt de rester abstinent et donc ne pas rechuter dans un environnement qui lui est très addictogène (Atlantico point fr, 02.11.2015). Noter : « si il », et le manque de virgules : « environnement qui lui est très addictogène ».
Les hôpitaux ont maintenant un service d'addictologie. Normalement l'addictologie serait l'étude scientifique de la dépendance, et non le traitement de la dépendance. Cette dépendance peut concerner les drogues, les médicaments, mais aussi les jeux et toutes sortes de choses comme la conduite automobile, etc. Cette compulsion de répétition a ses racines dans des problèmes privés. Les hôpitaux, aux dernières nouvelles, n'ont pas encore de service de néo-crétinologie.
L'ancien mot 'passion', l'ancien adjectif 'passionné', les anciens mots 'dépendant', 'dépendance', 'esclave de' se sont transformés en un charabia angloïde : addict, addiction, addictogène... Ces mots sont des importations frauduleuses de l'anglo-américain. Avant, on disait assuétude pour addiction.
Loteur a même rencontré le participe passé du pseudo-verbe addicter sous la forme addicté : Être addicté ce n'est pas tant faire quelque chose de particulier, que faire quelque chose d'une façon particulière (en gras dans le texte original). Et puis, cet autre exemple : Durant l'affaire Monica Lewinsky vous avez sans doute entendu dire par les américains, du Président Clinton qu'il est un sex addict (un addicté sexuel). Obsédé sexuel, peut-être ?
Étymologie : historiquement, dans la Rome antique, l'
addictus était un homme réduit en esclavage, car il ne pouvait pas régler ses dettes. Il devenait l'
addictus, l'esclave, de son créancier. Du verbe addico, addixi, addictum, addicere : approuver, juger, adjuger, condamner. L'
addiction, au sens où on l'entend maintenant, est une véritable (auto-)condamnation à l'esclavage. D'ailleurs, on dit bien
être esclave : du jeu, du tabac, de la drogue... [
↑↑]
Assuétude, du latin adsuetudo, -dinis : habitude. Du verbe suesco, suetum, suescere : s'habituer. Cf. le surnom de Bossuet : « Bos suetus aræ » : le bœuf habitué à la charrue, en raison de sa puissance de travail.
Additionnel : supplémentaire, intercalaire, qui s'ajoute. Quand les informaticiens parlent de
fonctionnalités additionnelles, ils veulent parler de fonctions supplémentaires, ou qui s'ajoutent. Et quand des constructeurs de pièces automobiles proposent des
boîtiers additionnels, il s'agit de boîtiers intercalaires entre le système d'injection et le calculateur pour augmenter (
booster) les performances du moteur.
Étymologie : XVIe siècle : qui s'ajoute (à une loi ou article de loi). XVIIIe siècle : qui s'ajoute (couches additionnelles de nouveaux bois [Buffon]. L'anglais 'additionnal' n'est qu'un emprunt au français, car attesté uniquement au XIXe siècle. Latin additio : action d'ajouter, verbe : addo, addere. Racine : ad, à, et dare, donner.
Adéquation (
être en ~ avec) : accord, adaptation.
Être en adéquation avec : être en accord avec, s'adapter à. Immense progrès : plus le mot est long, plus il traduit une pensée courte. Expression qui va de pair avec
s'impliquer.
Étymologie : venant de adéquat : qui rend compte de son objet de manière exhaustive, ou : qui est exactement approprié. L'adéquation, c'est la qualité de ce qui est exactement adapté, approprié au but visé. Latin : adæquatio, au sens de : justesse (d'une comparaison). Venant de : adæquatus, de adæquare, de ad : à, et æquare : égaler.
Adieu (dites ~ à ...) : procédé très utilisé par les publicitaires pour vanter un produit efficace pour se débarasser : de la poussière, des anciennes bouteilles de gaz, de vieux trucs gênants ou sans valeur etc. Parfois, suprême élégance, adieu est remplacé par 'bye-bye' : Dites bye-bye aux bactéries. Les publicitaires font preuve d'une imagination et d'une créativité sans limites.
Étymologie : dire adieu : formule pour prendre congé. Formé de à et de Dieu, par expression brachylogique de la formule plus explicite : je vous recommande à Dieu. Il est étonnant qu'en notre ère de mécréance généralisée, on utilise encore une telle expression.
Adjectifs : se mettent à toutes les sauces, comme par exemple dans l'expression
bouillon culinaire au lieu de 'pour la cuisine' , et surtout là où il ne faut pas. Les compléments de nom semblent ne plus exister dans la bouche et l'esprit de nos contemporains, ils sont maintenant remplacés par des adjectifs. L'adjectivation à outrance est un des principes fondamentaux de la
néo-langue, empruntée aux Anglo-Américains.
Deux hauts responsables sécuritaires [de la sécurité]
israéliens ont été envoyés en Inde pour participer à l'enquête sur les attentats de Mumbai (ex-Bombay)
Les intempéries neigeuses [de neige]
ont gagné la vallée du Rhône
Viande bovine [de bÅ“uf]. Cette dénomination tend à se généraliser dans les magasins.
le ballon est argentin [aux Argentins]
la capitale argentine [de l'Argentine]
l'épée française [des Français]
a été la meilleure
une autre politique énergétique [de l'énergie]
satellite terrestre [de la Terre]
ingénieurs pétrochimiques [en pétrochimie]
200 millions de réfugiés climatiques [à cause du climat]
volailles festives [pour les fêtes]
surveillants pénitentiaires [de prison]
sécurité aéroportuaire [de l'aéroport, des aéroports]
"Ca va finir par faire du foin, ça pourrait donner des idées", s'inquiète auprès de l'AFP une source aéroportuaire.
carte électorale [d'électeur]
la feuille de route du gouvernement relative à sa politique proche-orientale [du Proche-Orient, concernant le Proche-Orient]
magasin alimentaire [d'alimentation]
reconquérir le vote enseignant [des enseignants]
par séchage solaire [au soleil]
en révélant l'avenir génocidaire [le(s) génocide(s) futur(s)]
qui attend(en) le peuple palestinien
escapade maltaise [à Malte]
sans sucres ajoutés [sans ajout de sucres ; néo-crétinisme particulièrement débile]
volonté environnementale [pour l'environnement, qui concerne l'environnement]
respect des normes environnementales [idem].
Assise au premier rang, l'ancienne candidate présidentielle [à l'élection présidentielle]
a quitté la salle sans un mot.
traite négrière [traite des Nègres]
tragédie routière [de la route]
Le PSG au plus mal après sa défaite bordelaise [à Bordeaux]
Les 5 personnalités connus (sic)
pour leur engagement en faveur de la cause animale [en faveur des animaux]
l'avenir institutionnel [des institutions]
de l'Union européenne
un handicapé tibial [du tibia ; construction un peu boîteuse]
santé reproductive. Loteur pensait que cela voulait dire : santé de la femme liée aux grossesses, aux enfantements ; il semble que ce soit un euphémisme pour désigner une politique pour diffuser l'
avortement dans des pays en voie de développement. C'est un des principes de la néo-langue que de dire le contraire de ce qu'on veut exprimer.
Kiev et Moscou s'entendent pour mettre fin à leur conflit gazier [à propos du gaz, pour le gaz]
Le baril de pétrole poursuit sa spirale haussière (!) [sa tendance à la hausse]
des tarifs préférentiels que le Vénézuela a accordé (sic)
à Cuba en matière pétrolière [de pétrole]
Air France élargit son offre avec 6 destinations australiennes [vers l'Australie]
Nigeria: la fillette d'un employé pétrolier [du pétrole, d'une firme pétrolière]
enlevé (sic)
par des hommes armés
Sur le front de la crise étudiante [des étudiants]
Commission Pochard : repenser les carrières enseignantes [de l'enseignement, des enseignants]
L'obligation vaccinale [de vaccin, de vacciner]
est-elle encore justifiée ?
L'article 4 de la loi du 23 février 2005, qui enjoint aux manuels d'enseigner « le caractère positif de la présence française outre-mer », fait craindre le pire à la communauté historienne [des historiens].


Cependant on dit bien la
communauté scientifique (la communauté des savants). Peut-être est-ce un calque ?


Autre exemple :
Si le rival historique Pepsico n'a pas encore réagi, la communauté financière spécule sur une annonce dans les prochains jours, les deux groupes s'étant toujours marqués à la culotte (A.F.P., 10.02.2014). Communauté financière : monde de la finance. Noter l'expression
marqués à la culotte, issue du vocabulaire du sport.


Ou bien cet autre exemple :
Le grand amphithéâtre de la Sorbonne, qui accueillait pour la circonstance la communauté éducative, se prêtait aux références historiques (Le Figaro point fr, 05.07.2012). La communauté éducative = les représentants du corps enseignant et de tout ce qui gravite autour de l'enseignement (
★) ? On peut aussi trouver : le monde éducatif, c'est-à-dire : élèves, enseignants, parents, personnel administratif, collectivités locales, etc.
(★) En fait, voici ce que le journaliste entend par la communauté éducative : « Face à lui, quelque 200 personnes rassemblées. La concertation réunit fédérations de parents d'élèves, organisations lycéennes et étudiantes, syndicats, associations, élus et personnalités qualifiées parmi lesquelles le sociologue François Dubet, l'enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli, le chronobiologiste Yvan Touitou, le spécialiste de la pédagogie Philippe Meirieu, Laurent Bigorgne, ancien directeur des études de Sciences Po ou encore Louis Schweitzer. » Louis Schweitzer a été P.D.G. de Renault et Président de la Halde ; il appartient de fait à la communauté éducative. Ne manquent plus que les femmes de ménage et les concierges.
Avant de rencontrer des associatifs [membres ou responsables d'associations], M. Hollande fustige devant la presse Nicolas Sarkozy.
Vers une construction autoritaire européenne [de l'Union européenne]. Si le rédacteur avait spécialement tenu aux deux adjectifs, il aurait pu écrire « Vers une construction européenne autoritaire » : on insiste ici sur l'Union européenne ; si on écrit « Vers une construction autoritaire européenne », on insiste davantage sur autoritaire, et cela pourrait se comprendre : vers une construction autoritaire à l'européenne, de façon européenne. La place de l'adjectif par rapport au verbe n'est pas indifférente. Le défaut de construction des phrases est en général un défaut de logique.
protection infantile [de l'enfance]
etc. etc. etc. Ce genre de construction est vraiment agaçant. Il n'y a qu'à écouter les gens de la télévision ou lire des textes rédigés par des responsables de l'administration (française).
Il en est de même pour les adjectifs verbaux, comme dans cet exemple :
Le script ci-dessous est écoutable sur France-Culture. Il serait plus simple de dire : "on peut écouter le script ci-dessous sur France-Culture" (
script ici veut tout simplement dire "texte").
Nombre de personnes chargées (et non pas
en charge) de rédiger les notices publicitaires ou administratives s'engouffrent avec fureur et délectation dans cette façon de s'exprimer, imitée des Anglo-Américains. Les gens mal-parlants (comme les présentateurs de journaux télévisés, les gens de presse, les hommes politiques, les publicitaires, les fonctionnaires) confondent donc allègrement le génitif objectif (ou complément de nom) et le génitif subjectif (correspondant à l'adjectif)
: Les Nord-Coréens ont procédé à un essai nucléaire (au lieu de : la Corée du Nord, les Coréens du Nord ou les autorités de la Corée du Nord).
L'adjectif qualifie le nom ; il ne correspond pas à un complément de nom. D'autre part, ce genre de construction peut induire en erreur : l'épée française n'a pas du tout le même sens que l'épée des Français, par exemple (voir plus haut).
Avec l'adjectif, le nom disparaît et avec lui les prépositions. En effet, à l'imitation du style journalistique et commercial anglo-américain, les Français abandonnent de plus en plus l'emploi des prépositions dans un souci proclamé de concision. De plus l'adjectif ajoute un élément subjectif, donc pas forcément rationnel. Et cela contribue à faire du français, pourtant langue analytique, une langue synthétique, et donc anglo-américanisée. Nous ne pouvons résister à l'envie de citer Georges Clemenceau : «
Les journalistes ne doivent pas oublier qu'une phrase se compose d'un sujet, d'un verbe et d'un complément. Ceux qui voudront user d'un adjectif passeront me voir dans mon bureau. Ceux qui emploieront un adverbe seront foutus à la porte. »
Il est un autre emploi aberrant de l'adjectif, dans un sens adverbial :
Cette Huile d'Olive Vierge Extra est indispensable pour cuisiner léger et équilibré (notez les majuscules qui ne se justifient pas).
Votez utile ! proclamaient tous les candidats ou presque. Ou alors, lu sur une réclame (pub) :
Déplacez-vous élégant (De façon élégante ? Bien habillé ? De façon chic ?) Ou encore :
Portables : vivons mobile ! ...
Accédez gratuitement au HS [hors-série]
"Consommer vert", ou bien cette réclame d'eau minérale
Vivons jeune ! Ou bien encore ces conseils avisés :
Surfez malin, ou :
Achetez malin, faites les soldes avec PayPal. Et le fameux slogan de la secte
Ékollo : «
Penser global, agir local ». Entendu sur BFM-Télé :
On en sait un peu plus sur ce petit délinquant qui a viré extrémiste (on admirera au passage l'élégance de cette phrase). Phrase lue sur un article web :
Il y a des ingrédients incontournables (indispensables)
qu'il faut toujours avoir sous la main pour cuisiner vite et facile. Et, évidemment, ces néo-adjectifs sont invariables, à la manière des adverbes.
Et on ne compte plus les constructions du type :
au final [finalement],
au quotidien [de chaque jour],
à l'international [sur le plan international] ... Autre emploi, fréquent, correspondant à la confusion entre adjectif et adverbe :
«Etant abonnée Free ADSL, je pensais être servie en première, mais aujourd'hui, je me retrouve sans téléphone» (en première au lieu d'en premier).
Néo-adjectifs. Des substantifs peuvent être utilisés en fonction d'adjectifs, et dans ce cas-là ils peuvent être invariables ou s'accorder :
Répondant au désir d'images choc et d'informations suscité par l'ouragan Sandy, certains farceurs en ont profité pour diffuser des informations erronnées [...]
Le site de micro-blogging Twitter s'est révélé être une formidable plateforme de photos montées et d'informations aussi alarmantes que bidons. Autre exemple :
Nicolas Sarkozy a cédé la place à un François Hollande qui s'est rapidement converti aux visites internationales éclair. Le substantif
culte s'est mué en néo-adjectif :
un film culte. De telle sorte qu'on trouve le superlatif en ~issime :
le cultissime 1984 de George Orwell. Encore un exemple : ...
il y revient pour la qualité des soins thalassos. Dans ce dernier exemple, le néo-rédacteur prend allègrement le mot 'thalasso(-thérapie)' pour un adjectif et il l'accorde donc au pluriel. L'emploi de la périphrase :
la qualité des soins de thalasso(-thérapie) aurait été plus juste.
Autre phrase :
Globalement, un virus de smartphone implique potentiellement les mêmes dangers qu'en informatique : [...]
ou encore altération de fichiers système pour rendre le mobile inutilisable. Là, le substantif
système est utilisé en fonction adjectivale, mais ne s'accorde pas. La règle est très simple : il n'y a plus de règles. D'autres exemples :
offres partenaires (de nos partenaires),
instrument scripteur (pour écrire) ... Dans un même paragraphe, un néo-adjectif peut donc s'accorder dans une phrase, mais pas dans une autre :
Le top 5 des aliments « miracles » (titre), mais :
Nous sommes tous tentés, moi le premier, par les solutions miracle (chapô). Et dans le même article :
Il est donc temps de faire le tri et de ne garder que les vrais aliments «santé» (Pourelles point com avec Fitnext point com ; remarquer le traitement différent pour les guillemets : une fois séparés, une fois accolés. Y'a plus de règle !).
Inversement, des adjectifs peuvent être utilisés dans un sens substantival :
le Mondial 2010 de football (le Championnat du monde 2010 de football),
les mondiaux de judo (les championnats du monde de jûdô).
Le déroulé des opérations ou bien :
DSK : Déroulé de l'enquête etc.
Déroulé est utilisé au lieu de déroulement. Autre adjectif pris substantivement :
fondamentaux (les fondamentaux de ceci, les fondamentaux de cela). L'emploi de fondamentaux dans un sens substantival est une importation frauduleuse de l'anglo-américain (fundamentals : principes, fondements, bases ; les néo-rédacteurs ont la flemme de traduire, ou alors ils n'ont pas de dictionnaires). Des adjectifs, bien sûr, peuvent être utilisés au lieu de substantifs (le Beau, le Bien etc.) ; mais ici le néo-crétinisme porte sur le fait qu'il existe déjà en français un ou des substantifs ayant le même sens.
Lu sur un article du web (Acrimed) :
Les faits spectaculaires et proches vont progressivement supplanter d'autres thèmes, comme en témoignent la diminution des sujets « étranger » et la montée des faits divers. Le mot « étranger » n'est pas pris en fonction adjectivale ici, et signifie : de l'étranger, concernant l'étranger ou la politique étrangère. Le raccourci, surprenant pour l'œil, explique l'absence d'accord avec un mot qui aurait pu être pris pour un adjectif.
Étymologie : adjectif = qui s'adjoint (à un substantif). Du latin de basse époque : adjectivum. Du verbe adjicere, ajouter, formé de 'ad' : à, et 'jacere' : jeter.
Adjectif (
place de l'~) : l'adjectif est placé de plus en plus souvent
avant le substantif, à la manière anglo-américaine, et dans un sens qui n'est pas subjectif ou sans viser à un effet stylistique spécial :
un petit garçon atteint de la rare et potentiellement mortelle maladie de Fanconi (= atteint de la maladie de Fanconi, maladie rare et potentiellement mortelle). Ou encore : «
Un encore meilleur week-end » (pub pour Canal
pour un week-end bien meilleur ). Ou bien encore :
La désormais appelée «révolution Cantona» est sortie des frontières de l'hexagone (beurk ! Équivalent proposé = ce qu'on appelle désormais la « révolution Cantonna » ...) Cette manie devient systématique avec les adjectifs
probable ou
possible. Par exemple : «
M. Obama s'en est pris à son possible futur adversaire John McCain ». Autre exemple :
En août dernier, Jobs avait cédé sa place à Tim Cook à la tête de l'entreprise alors la mieux capitalisée du monde boursier (de l'entreprise
qui était alors la mieux capitalisée du monde boursier). Dans cette phrase, la place de l'adjectif est correcte, mais l'omission du verbe en fait une phrase bancale.
Un exemple ambigu recueilli sur Actualités-Yaourt! :
Palle-Jooseppi, un mâle ours brun du zoo de Ranua en Finlande, se réveille après sa période d'hibernation, le 23 février 2012. La photo montre la tête d'un ours couverte de neige, et qui n'a pas l'air spécialement 'mâle'. Le rédacteur a simplement voulu parler d'un ours de sexe mâle. Ne pas oublier qu'en français un adjectif mis avant le nom n'a pas du tout la même signification que s'il est placé après celui-ci. Exemple classique : un grand homme ≠ un homme grand. L'antéposition change souvent le sens de l'adjectif. C'est en ignorant cette règle simple que le rédacteur de l'article introduit stupidement une ambiguïté.
Voir aussi
Inversion, ou cet
article pour la place de l'adjectif.
Administration (américanisme) : tous les journalistes maîtrisant la néo-langue disent, à propos des Étazunis :
l'administration Bush,
l'administration Reagan,
l'administration Clinton. Il faut en fait comprendre présidence, exécutif ou gouvernement, alors qu'en français, l'administration, c'est ensemble des services publics d'un état.
L'administration Bush mobilise toutes ses troupes et toute son énergie. Ou bien :
L'ancien Président des Etats-Unis Jimmy Carter a affirmé que sous l'administration Bush, il avait vu pour la première fois de sa vie les Etats-Unis abandonner les principes fondamentaux des droits de l'homme. Et, évidemment, il n'y a pas de préposition entre
administration et le nom du chef de l'exécutif. Loteur a lu cette affirmation sur un site :
En Allemagne, le chancelier (la chancelière Angela Merkel 2009) est le chef de l'administration (FR-Answers point com). De l'
administration, et non du gouvernement. Le chancelier serait-il donc un super-fonctionnaire, un super-bureaucrate ?
Exemples rarissimes où des auteurs emploient
gouvernement au lieu d'
administration : «
Tout simplement parce que malgré tous ses défauts, le gouvernement Bush a l'immense avantage de n'avoir jamais exercé de pressions sur le gouvernement israélien » (Pascal Boniface). Deuxième exemple : «
On sait toutes les graves atteintes aux droits de l’homme qui ont été commises par les forces armées américaines en Irak et en Afghanistan, et on sait aussi comment le Gouvernement de Barak Obama a augmenté l’utilisation d’avions sans pilotes (drones) pour assassiner des innocents par télécommande » (Eva Golinger, Mondialisation point ca). Voir
Département.
Étymologie : du latin administratio : fait de prêter assistance, de porter secours ; puis administration, exécution. Formé du préfixe ad-, à et de ministrare, venant de minister, qui vient lui-même de minus, minoris (plus petit). Le minister était l'inférieur par rapport au magister (maître, littéralement : plus grand). L'« administratio », c'était le fait de s'occuper des « minister » des minus, donc.